Au mois de mars, ce sont les attentes sur la croissance qui ont dominé les évolutions de marché. Le bilan n’est pas le même de part et d’autre de l’Atlantique. Quelles sont les perspectives de croissance pour les mois à venir ? Dans ce contexte, comment se sont comportés les marchés financiers et les bourses ce mois-ci ?
Bonjour et bienvenue dans ce point marchés du mois d'avril.
Au mois de mars ce sont les attentes sur la croissance qui ont dominé les évolutions de marché et avant de revenir sur les grandes fluctuations observées au cours du mois, disons quelques mots de la conjoncture de part et d'autre de l'Atlantique.
Aux Etats-Unis le plan de relance de 1900 milliards qui a été voté par le Congrès et signé par le président américain, va doper la croissance dans les trimestres qui viennent et au début de l'année prochaine. Les Etats-Unis seront très clairement le fer de lance des économies avancées.
La campagne de vaccination progresse à grands pas ce qui devrait également bénéficier à la confiance des ménages et les inciter à débloquer l’épargne abondante qu'ils ont accumulé depuis le début de la crise. Il y a là un autre moteur significatif pour la reprise américaine.
Dans ces conditions, on s'attend à ce que l'inflation accélère mais l’épisode d'accélération de l'inflation devrait être temporaire et nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale maintienne des conditions financières globalement très accommodantes.
La zone euro est, de son côté, toujours à la traîne. L'épidémie n'est pas jugulée, la campagne de vaccination progresse mais très lentement, de sorte que les mesures de restrictions sanitaires continuent de brider la plupart des économies. On table sur une reprise de la croissance mais de façon différée, plus tardivement cette année. Il y a donc un réel découplage entre la conjoncture américaine et la conjoncture des pays de la zone euro.
On s'attend au moins à une reprise de l'activité économique en ligne avec les progrès escomptés du côté de la campagne de vaccination et ce, d'autant que le fonds de relance montera progressivement en puissance dans le courant du second semestre et devrait bénéficier à la croissance en fin d'année et l'année prochaine.
On s'attend à une reprise de l'inflation qui sera beaucoup plus modérée qu'aux Etats-Unis, du fait d'un moindre rebond de la croissance cette année. La Banque centrale européenne va rester particulièrement accommodante dans ces conditions et pour éviter que la remontée des taux d'intérêt aux Etats-Unis n'affecte les conditions financières du côté de la zone euro.
Du côté des profits des entreprises, on s'attend à un rebond des profits des entreprises plus tardivement dans l'année. Il n'est pas entièrement escompté par les investisseurs, de sorte qu'il y a encore naturellement de la valeur du côté des bourses européennes.
Avec le rebond de la croissance du côté des Etats-Unis l’écart de croissance entre les émergents et les Etats-Unis va plutôt s'amenuiser, ce qui va exiger davantage de sélection, à la fois du côté des pays et des titres du côté des actifs émergents.
Du côté des marchés financiers, l'événement dominant a été la remontée des taux d'intérêt aux Etats-Unis, avec le taux d'intérêt à 10 ans qui a clôturé le mois aux alentours de 1,7%.
Pour l'heure cette remontée des taux d'intérêt aux Etats-Unis ne préoccupe pas la Réserve fédérale, parce qu'elle est essentiellement liée à une amélioration des perspectives économiques.
Ceci dit, il faudra surveiller de très près la rapidité de la remontée des taux d'intérêt qui pourrait engendrer un durcissement des conditions financières et provoquer un regain de volatilité.
Du côté des pays émergents, la remontée du dollar et la remontée des taux américains est souvent perçue comme une menace pour les actifs de ces pays. Ceci dit, dans la mesure où cela intervient dans un environnement de croissance très porteur, cela a atténué l'impact sur ces classes d'actifs. Il nous semble toujours qu'il y a des gisements de valeur du côté des titres à hauts rendements, et également du côté de certaines devises vis-à-vis du dollar, notamment des devises d'Amérique latine.
Du côté des bourses, la hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis et la hausse du dollar n'a pas préoccupé outre mesure les investisseurs. Les bourses en moyenne s'inscrivent en hausse de 5% sur le mois, à l'exception notable du Hang Seng de Hong Kong qui s'inscrit en repli de 2%. Sur le marché des changes on observe ce mois-ci un regain de volatilité, d'un côté le dollar s'est apprécié par rapport au yen japonais et au franc suisse, en revanche les devises liées aux matières premières se sont quant à elles appréciées par rapport au dollar, bénéficiant de la hausse passée du cours des matières premières.
Au final on observe des vents contraires sur le dollar. A court terme nous pensons que le dollar va dans l'ensemble se stabiliser. L'euro par rapport au dollar devrait fluctuer dans la fourchette 1,16-1,18 dollars, et plus tard, le dollar renouera vraisemblablement avec cette tendance baissière.
A noter du côté du Bitcoin, l'appétit ne s'est pas démenti, le Bitcoin est en hausse de près de 27% sur le mois. L’or s’est en revanche replié d'à peu près 2%. Le pétrole est resté à peu près stable avec de larges fluctuations dans le cours du mois.
En conclusion dans cet environnement porteur en termes de croissance, nous continuons de privilégier une exposition aux actifs risqués, du côté des actions, notamment les actions qui vont bénéficier de la poursuite de la reprise cyclique qui était attendue. Du côté des marchés obligataires, nous conservons une exposition aux crédits privés, ainsi qu’aux emprunts d'Etat périphériques, notamment italiens et espagnols et nous sommes positionnés pour tirer parti de la remontée attendue des taux d'intérêt, notamment aux Etats-Unis et dans une moindre mesure, du côté des pays du cœur de la zone euro.
Dans cet environnement porteur mais incertain, la sélectivité et le contrôle des risques restent les maîtres-mots.
Merci de votre attention et rendez-vous au prochain Point Marchés.
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