La force du pricing power en action
Quelques sociétés de gestion, comme Delubac AM ou Amplegest, font du pricing power un critère déterminant de sélection des entreprises cotées. Quels arguments leurs responsables mettent-ils en avant ?
Dans l’entretien qu’elle a accordé au magazine Gestion de Fortune, Julie Jourdan, gérante du fonds Amplegest Pricing Power (code Isin : FR0011382225), donne une définition qui peut faire autorité : « Le pricing power est la capacité d’une entreprise à créer un rapport de force qui lui est favorable sur son marché, à imposer des hausses tarifaires sans impacter ses volumes de vente. »
Ce rapport de force structurel résulte de plusieurs caractéristiques : barrière à l’entrée, avancée technologique, innovation, adaptation aux mutations, transformation digitale, réseau de distribution, service après-vente et, bien sûr, forte réputation de la marque.
À défaut de pouvoir toujours augmenter leurs prix, les entreprises qui protègent leurs marges traversent mieux les périodes de turbulences que celles qui n’ont pas un pouvoir de fixation des prix. Elles s’affranchissent des cycles économiques et ne sont pas pénalisées dans un environnement inflationniste.
À cet égard, les secteurs du luxe, des logiciels, de l’aéronautique, des gaz industriels, des services à la personne, de l’alimentation et des boissons, par exemple, ont généralement une meilleure image boursière que ceux des banques, des sociétés minières, des firmes pétrolières, des télécoms, des compagnies aériennes ou des services aux collectivités.
Croissance autonome et clients captifs
Amplegest Pricing Power (code Isin : FR0010375600) s’adjuge 11 % sur un an. Le Top 10 du portefeuille, que gèrent Gilles Constantini et Maxime Durand, se compose des titres ASML, SAP, Schneider Electric, Hermès International, Linde, Ferrari, Safran, Wolters Kluwer, Airbus et Deutsche Boërse.
Chez BDL Capital Management, qui propose le fonds BDL Convictions (code Isin : FR0010651224), Laurent Chaudeurge, porte-parole de la gestion, fait remarquer dans une tribune que la plupart des entreprises… n’ont pas de pricing power : « Dès qu’elles montent leurs prix, les clients vont chez un concurrent ou cherchent une alternative moins coûteuse. L’entreprise qui a du pricing power a donc quelque chose de particulier qui rend le client captif. Il lui reste fidèle même si elle augmente ses prix. »
Il y a vingt ans, Delubac AM a ouvert la voie avec son fonds Delubac Pricing Power (code Isin : FR0010223537). Le directeur des gestions actions de la filiale de la banque ardéchoise, Guillaume Chaloin, précise dans un reporting : « Sa stratégie repose sur la recherche de sociétés européennes de capitalisation supérieure à 500 millions d’euros qui bénéficient d’un pricing power durable et s’inscrivent dans une trajectoire de croissance autonome. »
Mentionnons également Luz Pricing Power (code Isin : FR0013520426), un petit fonds d’actions internationales géré par Michel Menigoz et François Fontaine chez Sanso Longchamp AM, qui s’octroie 12,5 % en rythme annualisé sur trois ans. Mandarine Europe Premium (code Isin : FR0010687749) et Pictet - Premium Brands (code Isin : LU0217139020) font aussi partie du haut du panier.
