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« Les niveaux de valorisation nécessitent une approche sélective », entretien avec Kristofer Barrett

2025-09-15

Faute de visibilité, les épargnants ont du mal à se repérer. Kristofer Barrett, gérant de Carmignac Investissement (actions), co-manager de Carmignac Patrimoine (actions, obligations, devises), éclaire la situation. 

Quelle est votre lecture de l’environnement économique et financier ? 

Le contexte macroéconomique reste plutôt favorable aux actions. Les banques centrales maintiennent des politiques monétaires globalement accommodantes, la croissance américaine pourrait repartir à la hausse en 2026 et les perspectives de bénéfices des sociétés sont encourageantes. Sans oublier les importants programmes de rachats d’actions, qui continuent de soutenir les marchés. Avec des indices américains à des plus-hauts historiques, il faut toutefois faire preuve de rigueur. 

Quels indicateurs surveillez-vous plus particulièrement ? 

Même élevés, les actuels niveaux de valorisation ne suffiraient pas, à eux seuls, à déclencher une importante correction des marchés. Ce que nous surveillons surtout, ce sont deux points : l’évolution des taux d’intérêt « réels » [corrigés de l’inflation] et la dynamique d’investissement dans l’intelligence artificielle. Pour l’instant, aucun de ces deux éléments ne semble représenter un risque immédiat. 

Les investissements liés à l’IA sont très porteurs. Les dépenses des grands acteurs du secteur – les hyperscalers – devraient encore croître de 50 % cette année et de près de 20 % en 2026. Un phénomène soutenu par l’innovation et des gains de productivité considérables. Cela dit, des signes d’excès dans certains segments technologiques moins rentables commencent à apparaître. C’est pourquoi nous privilégions une approche équilibrée, qui se traduit par une diversification géographique et une sélection d’entreprises qui n’ont pas encore pleinement bénéficié de l’enthousiasme autour de l’IA. 

Quelles typologies de valeurs privilégiez-vous ?  

Comme le mandat de Donald Trump est synonyme d’incertitude pour les marchés et qu’une discipline budgétaire rigoureuse semble peu probable à l’échelle mondiale, nous privilégions des entreprises qui disposent de bilans solides et qui sont capables d’imposer leurs prix. Ce sont là des qualités essentielles dans un environnement de taux durablement élevés et d’inflation persistante. 
Indépendamment des cycles politiques, la révolution technologique continue à se propager à un rythme soutenu. Nous conservons donc une importante exposition à cette thématique, principalement aux États-Unis et en Asie. 
En Europe, la prise de conscience des vulnérabilités stratégiques marque un tournant vers plus d’autonomie. Nous nous positionnons sur des entreprises susceptibles de tirer parti de trois tendances structurelles : électrification, aéronautique et réindustrialisation. Il y a six mois, nous avons renforcé nos positions en petites et moyennes capitalisations, souvent moins chères que les grandes et qui, pour nombre d’entre elles, se déploient au sein de niches de croissance de long terme. Tout en gardant un œil vigilant sur les valorisations, la clé d’un bon investissement reste la diversification, géographique et sectorielle. 

Michel Lemosof

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