Marchés financiers : ce qu’anticipent les gestionnaires

A mi-année, les sociétés de gestion ont l’habitude de faire des prévisions pour la seconde moitié de l’exercice et de les traduire en décisions d’investissement dans les portefeuilles. Tour d’horizon.
En six mois, l’euro a gagné 13 % contre le dollar, l’or s’est adjugé 26 %, le bitcoin s’est octroyé 15 % et l’indice phare américain, le Standard & Poor’s 500, a progressé de 5 %, avant de se hisser à un sommet historique ! Aujourd’hui, des problèmes subsistent : déficits, endettement, tensions commerciales, faible croissance économique…
« La situation, soulignent les experts d’Axa IM dans un point de conjoncture, ne semble pas inquiéter les investisseurs. La Réserve fédérale américaine fait preuve d’attentisme, mais les marchés continuent de penser qu’elle baissera ses taux cet automne. » Selon les professionnels, s’agissant des Etats-Unis, une allocation équilibrée entre actions et obligations à haut rendement permettrait de tirer parti de la tendance positive des flux de trésorerie. Dan Scott, responsable des investissements chez Vontobel, est également optimiste : « Le moral des consommateurs américains s’est amélioré, fait-il observer dans une synthèse, reflétant un sentiment que le pire est peut-être derrière nous. »
Pas d’investissement sans diversification !
Le gestionnaire surpondère les actions et les liquidités, prêt à les réallouer quand des opportunités se présenteront. D’après Johan Van Geeteruyen, en charge de la gestion fondamentale actions chez DPAM, les marchés émergents pourraient bénéficier d’une poursuite de la baisse du dollar. Dans ses Perspectives semestrielles, il évoque aussi l’immobilier : « Considéré comme défensif, le secteur a étonnamment sous-performé.
Toutefois, les sociétés immobilières ont renforcé leurs bilans et réduit les coûts d’emprunt. »
« L’évolution des flux financiers et la recherche de diversification, fait remarquer dans une analyse Nadège Dufossé, membre du comité exécutif de Candriam, dépendront de la capacité des Etats-Unis à maintenir leur attractivité. » La société de gestion évite les biais régionaux et privilégie la diversification par secteur, avec l’accent sur les valeurs qui affichent une dynamique bénéficiaire, notamment dans la technologie, et celles qui, en Europe, sont soutenues par des politiques budgétaires, dans les infrastructures, l’industrie et la défense.
Dans leurs Vues de marché, les stratèges d’Amundi attirent l’attention sur les titres « investment grade » (obligations les mieux notées), principalement sur le segment des banques européennes. Pour sa part, dans sa Lettre trimestrielle, Edouard Camignac, président de Carmignac, écrit : « L’apaisement au Moyen-Orient réduit la prime de risque sur les actifs risqués et le pétrole. Ce qui favorise l’Europe, dont les perspectives sont améliorées par le plan de relance de l’économie allemande. »
Selon Eric Bertrand, directeur des gestions chez OFI Invest AM, l’allocation d’actifs ne se résume pas à une succession de réactions aux événements : « Elle s’inscrit, précise-t-il lors d’une prise de parole, dans une vision de long terme, fondée sur la diversification et la capacité… à garder la tête froide. »