Qui sont les collectionneurs d'art contemporain en France ? Le ministère de la Culture a mené l'enquête, via son département des études, de la prospective, et des statistiques. Il en ressort un profil type : diplômé plus que la moyenne, âgé de plus de cinquante ans, et résident plutôt en Ile-de-France (47 %), en tous cas dans une grande ville. Près de la moitié des personnes interrogées ont effectué leur premier achat entre vingt et trente ans, et acquis d'abord une peinture. L'environnement familial apparaît déterminant pour susciter des vocations.
Constituer une collection est un investissement non seulement financier mais également humain. Un tiers des acheteurs réguliers y consacrent la majorité de leur temps libre. Un tiers encore de l'échantillon dispose d'une petite collection, de moins de 50 pièces, mais un collectionneur sur cinq possède déjà plus de 200 œuvres et 8 % ont même créé un lieu d'exposition dédié pour mettre en valeur leur patrimoine. Le budget du collectionneur d'art contemporain varie considérablement : 30 % des acheteurs y consacrent moins de 5.000 euros par an, 16 % plus de 50.000 euros. Cela représente au moins un mois de revenus pour les trois quarts de ces passionnés. Et un sur dix a déjà craqué pour une œuvre valant plus de 100.000 euros.
Implication auprès des musées et galeries
Les acquisitions portent majoritairement sur des artistes résidant en France. Car près des trois quarts des collectionneurs rencontrent ces plasticiens et échangent avec eux pour mieux comprendre leur travail.
Cela explique que les collectionneurs soient engagés : ils interviennent pour soutenir les acteurs de l'écosystème de l'art, soit au niveau de la production (commandes, financement de catalogues...), soit à celui de la diffusion (prêts pour des expositions, présentation à d'autres collectionneurs), ou encore par une assistance plus large (soutien financier, mise à disposition de locaux, achats réguliers). Ces actions peuvent être orientées vers l'artiste lui-même, la galerie, le musée ou centre d'art. En ouvrant leurs réseaux, les collectionneurs élargissent le marché potentiel de leurs poulains, contribuent à leur légitimité artistique ; certains jouent même le rôle de manager.
Les collectionneurs français sont très impliqués aussi auprès des musées : 60 % appartiennent à une société d'amis, 14 % participent au conseil d'administration ou à une commission d'achat, 8 % font des dons ou des dépôts d'œuvres. Quant aux galeries, elles restent le lieu d'approvisionnement et de formation de la majorité des acheteurs. Certains collectionneurs vont jusqu'à s'associer avec une galerie. Les liens étroits, parfois établis par les acheteurs avec les musées et galeries, ne sont probablement pas exempts de calculs financiers à l'heure où l'art contemporain devient de plus en plus spéculatif, même si les artistes français n'atteignent pas les sommets de leurs homologues anglo-saxons.