Récemment Mario Draghi a annoncé que les grosses coupures étaient dans le collimateur de la Banque centrale Européenne qu’il préside. L’institution ne souhaite pas que les billets de 500 € soient un outil de transmission de la criminalité. Pour l’instant, la décision n’est pas actée. Mais le billet de 500 euros pourrait bien vivre ses dernières heures.
500 € un billet peu utilisé par les consommateurs
Le billet de 500 euros représente 3 % des billets en circulation. Mais, il compterait pour 307 milliards de la circulation en euros.
Les Français, ainsi que la grande majorité de nos voisins de la zone euro n'utilisent que très peu les grosses coupures. Le surnom du billet de 500 euros, « Ben Laden » viendrait du fait que si tout le monde sait qu’il existe et à quoi il ressemble, personne ne l’a jamais vu… Cependant nos voisins Allemands, restent très adeptes des paiements en cash et du billet de 500 euros.
Dans un entretien au Parisien daté du mercredi 11 février, Benoit Coeuré, le membre français du directoire de la BCE rappelle qu’à l'origine "ce billet répondait au pays de la zone euro d'avoir une coupure en euros qui corresponde à leur ancienne plus grande coupure en monnaie nationale". L’Allemagne s’était d’ailleurs fortement mobilisée pour obtenir la création d’une coupure de 500 euros.
À titre d’éléments de comparaison, en Europe (hors zone euro) les grosses coupures sont rares. En Grande Bretagne le plus gros billet est de 50 sterlings - environ 64 euros. À l’inverse, les Suisses possèdent un billet de 1 000 CHF - environ 913 euros. Quant aux États-Unis, ils ont supprimé le billet de 500 dollars en 1969…
La plupart des commerçants refusent le billet de 500 euros. Mais une émission réalisée en caméra cachée par Envoyé Spécial révélait que dans Ie XIIIe arrondissement de Paris, les commerçants l’acceptent presque tous. Au marché noir, cette coupure se revendrait jusqu’à 520 euros…
La coupure préférée des criminels
Les autorités européennes prépareraient donc la fin du billet rose pour "lutter contre le crime organisé et le terrorisme" car la BCE aurait désormais du mal à justifier l’existence de ce billet.
En effet, si le billet de 500 € est inconnu - ou presque - du grand public, il est très populaire chez les trafiquants. La président de la BCE, Mario Draghi, a dénoncé « la forte demande de billets de 500 euros de la criminalité organisée » et montré sa détermination à « ne plus faciliter la vie aux organisations criminelles ».
La vie des trafiquants est en effet facilitée par le maintien de ce billet : il permet de transporter facilement de grosses sommes en passant discrètement les frontières. Par exemple, un paquet de cigarette permet de loger 25 000 euros.
En mai 2010 la Grande-Bretagne justifiait ainsi sa décision d’interdire aux bureaux de change et banques britanniques de vendre des coupures de 500 euros : « 90 % de ces billets sont utilisés dans un but frauduleux notamment par le crime organisé »
Les Allemands font de la résistance
Du point de vue de Mario Draghi, les arguments en faveur du maintien billet de 500 euros ne sont pas convaincant.
Mais dans la Zone euro, les Allemands restent très utilisateurs de cette coupure. Le quotidien Bild-Zeitung a d’ailleurs lancé une campagne pour conserver le billet de 500 euros, au nom de la liberté.
Pourtant, le SPD (socialiste) a proposé récemment de le retirer de la circulationafin de lutter contre le blanchiment d'argent qui représente entre 20 et 30 milliards d'euros dans le pays, selon une étude de l'université de Halle-Wittenberg.