Effectuer un paiement à destination d’un commerçant ou d’un proche et voir l’opération exécutée quelques secondes après sur le compte destinataire, tel est l’enjeu des paiements dits instantanés.
C’est déjà le cas au Danemark et au Royaume-Uni où les particuliers peuvent effectuer des virements de compte à compte en 10 secondes. Ce sera bientôt possible - sans doute fin 2017- en France et dans le reste de l'Europe où ces transactions prennent actuellement environ deux jours.
L’enjeu est de taille en France. Le virement instantané devrait concurrencer la carte bancaire, réduire les nombre de paiements en espèces et mettre à mal le chèque qui reste une particularité de notre pays.
L’enjeu du paiement instantané
La relative faible utilisation des virements, notamment en France, peut s’expliquer par le délai actuel d’exécution de l’opération.
Le but du nouveau système, qui devrait être généralisé fin 2017 en Europe, est d’accélérer le traitement des virements de compte à compte d’un jour ouvré actuellement, à quelques secondes, et ce « même en cas de fermeture des banques », précisait un communiqué de la Banque centrale européenne (BCE).
Un comité spécifique de la BCE, l’Euro Retail Payments Board (ERPB) a défini la notion comme une :
« solution de paiement électronique disponible 24/7/365*, résultant d’une compensation interbancaire immédiate ou quasi immédiate de l’opération et du crédit du compte du bénéficiaire avec une demande de confirmation au payeur ».
Il doit aider à la généralisation de l’utilisation de moyens de paiement électroniques, adaptés aux différents usages de la vie quotidienne.
Les exemples du Royaume Uni et du Danemark
Certains pays ont déjà réformé leur système bancaire interne.
Ainsi au Royaume-Uni, l’instant payment est disponible depuis mai 2008 grâce au système Faster Payments Service (FPS) qui permet au payeur et au bénéficiaire d’être débité et crédité avant que les banques déposent leurs fonds. La limite de virement est fixée à 100 000 livres sterling (environ 120 000 euros).
Au Danemark, il est possible pour les particuliers et les entreprises d’effectuer de tels transferts express depuis 2014. En quasi-temps réels, consommateurs et entreprises effectuent des paiements (entre 1 et 10 secondes) d’un montant plafonné à 500 000 couronnes danoises (environ 67 000 euros).
Concurrencer le chèque, particularité française
Le développement des paiements instantanés permettra de limiter dans l’hexagone l’emploi des chèques, particularité française dans l’Union européenne. Ses inconvénients dans la gestion de trésorerie sont bien connus, tant pour les entreprises que pour les particuliers.
Le paiement instantané et son application de particulier à particulier réalisé depuis un ordinateur ou un téléphone mobile concurrencera le chèque bancaire sur nombreux de ses usages mais également la carte bancaire ou le paiement en espèces.
La fin des paiements espèces ?
« Si vous donnez de l'argent liquide en mains propres à une personne, elle l'a immédiatement à sa disposition. Nous voulions que cela soit aussi le cas pour les paiements dématérialisés » expliquait Michael Busk-Jepsen, directeur au sein de l'association des banquiers danois.
En facilitant la vie des particuliers qui pourront se régler entre eux, ce système devrait aussi conduire à réduire fortement les paiements en espèces, comme cela a été le cas au Danemark.
« Fin 2015, 20 % des transactions étaient réalisées avec de l'argent liquide, contre environ 25 % en 2014 et 50 % en 2000 », affiche un rapport de la banque du Danemark.
Une généralisation en novembre 2017 ?
C’est fin décembre 2014, que l’Euro Retail Payments Board, a décidé d’intensifier les travaux relatifs à la construction d'un standard du paiement instantané en zone euro.
Fin 2015, il a chargé les professionnels des services de paiement d'élaborer d’ici novembre 2016 un « système de paiements instantanés paneuropéens en euros » et de poser les fondements de méthodes de paiement innovantes comme les paiements de particulier à particulier par téléphone mobile.
Le Conseil des paiements de détail en euro (European Payments Council) doit achever sa consultation publique en novembre 2016 et vise une mise en œuvre d’ici novembre 2017.
Evoquant l’arrivée de ce système en France, la Revue Banque évoquait le rôle à jouer par les banques :
« pour que l’adoption des consommateurs soit aussi immédiate que le système mis en place », en raison de l’anxiété lors de tout nouvel usage lié aux paiements, d’un grand public, « déjà ancré dans ses habitudes l’utilisation de la carte bancaire ».
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