À la mi-septembre 2022, un dollar équivaut environ à un euro. La force du dollar reflète les évolutions mondiales sur le plan économique, mais pas seulement. Historiquement, la devise américaine fait en effet office de valeur refuge.
Un statut de valeur refuge pour le dollar
Plusieurs éléments viennent expliquer ce statut particulier. Tout d’abord, le dollar est ce qu’on appelle une monnaie de réserve : dans les périodes de forte incertitude, les acteurs économiques préfèrent détenir le billet vert car il inspire confiance. Ensuite, le dollar est la monnaie d’achat de deux autres grandes valeurs refuges que sont l’or et les bons du Trésor américain. Enfin, en cas de forte volatilité sur les marchés financiers, les achats libellés en dollar peuvent se révéler plus liquides.
Bon à savoir
Les Etats-Unis ont récemment lancé le grand chantier du dollar numérique, un projet qui a pour but de contrer la concurrence des cryptomonnaies, de plus en plus utilisées à travers le monde.
Des facteurs d’incertitude
Pourtant, un certain nombre de facteurs conjoncturels pourraient venir affaiblir – durablement ou non – la domination du dollar.
Ainsi, la Banque Centrale russe diminue progressivement ses réserves en dollars depuis 2014. Le gel des avoirs de la Banque Centrale russe en dollars, en réaction à la crise ukrainienne, pourrait également accroître la défiance des autres pays vis-à-vis du dollar, par crainte de se voir exclus des échanges libellés dans cette monnaie. Le dollar est utilisé comme un instrument géopolitique par Washington, qui applique un ensemble de sanctions dans le cadre de ses relations internationales.
Parallèlement, on assiste à la montée en puissance de la Chine. Dès 2015, l’Empire du Milieu a par exemple mis en place le programme CIPS, un système qui offre des services de compensation et de règlement pour les échanges transfrontaliers en yuan.
Absence d’alternative
Cependant, en l’absence d’alternative plus crédible, c’est bien le billet vert qui reste la devise de référence. Et ce pour au moins deux raisons.
D’une part, la force du dollar est le reflet de la faiblesse relative de l’euro. Les économies européennes étant davantage exposées aux conséquences de la crise en Ukraine, les Etats-Unis s’en sortent mieux. De plus, les pays européens ne sont pas indépendants sur le plan énergétique contrairement aux USA. En cas de coupure des approvisionnements de gaz en provenance de Russie, l’Europe serait, là encore, plus vulnérable. S’ajoutent à cela d’autres éléments tels que le risque sur la dette italienne.
D’autre part, les hausses de taux aux Etats-Unis ont été plus précoces qu’en Europe. Cela permet de préserver, en partie, la monnaie américaine de l’hyperinflation.
La faiblesse de l’euro demeure une bonne nouvelle pour les entreprises exportatrices de l’Union européenne (UE), même si celles-ci doivent composer avec l’augmentation des prix de l’énergie qui pénalise les marges.
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