Le redressement du marché automobile européen semble encore lointain. Selon les dernières statistiques publiées par l’ACEA, les ventes de voitures particulières neuves entre janvier et août ont reculé de 5,2 % sur un an à 7,84 millions d’unités. La situation se détériore certes moins vite qu’en août de l’année dernière (où l’on enregistrait une chute de 8 % des ventes contre 5 % cette année), mais la situation de l’industrie n’est pas guère réjouissante.
La Bourse ignore cet état de fait. L’indice Stoxx 600 Autos (graphique) affiche la meilleure performance depuis le début de l’année et sur un an : respectivement +26 % et +35,3 % contre +11,6 % et +13,4 % pour le Stoxx 600.
Béta élevé
Une telle surperformance peut étonner, mais elle traduit un changement de sentiment des investisseurs à l’égard de la conjoncture en Europe et à l’égard des actions en général. Les signes de stabilisation de l’activité économique en Europe se multiplient.
Si le cycle de l’économie se redresse, les valeurs cycliques, à fort béta (c’est-à-dire qu’elles auront tendance à monter plus vite que le marché en phase haussière) doivent en profiter. L’automobile étant l’un des secteurs les plus sensibles à la hausse du marché rebondit logiquement.
L’autre élément est plus largement le début de réallocation des portefeuilles des obligations vers les actions, labellisé grande rotation par les stratégistes de Bank of America Merrill Lynch. La valorisation des actions européennes demeure encore attrayante par rapport aux obligations et aux actions d’autres zones géographiques (États-Unis ou Japon, qui ont déjà bien performé).
Retard des fondamentaux
La Bourse anticipe donc un redressement prochain des résultats. Si on regarde les données du consensus, c’est bien le cas. Les prévisions des analystes tablent sur une stabilité des profits du secteur en 2013, puis un bond de 18 % en 2014.
Richard Hilgert, analyste sur l’automobile chez Morningstar, anticipe un redressement progressif de la rentabilité du secteur, mais s’inquiète d’une remontée plus lente de la demande automobile en Europe que ce que n’anticipe la Bourse.
L’avancée boursière du secteur traduit l’anticipation d’un redressement des résultats, mais encore faudra-t-il que ces dernières se matérialisent bien dans les trimestres à venir.