Dans une tribune qu’il avait rédigée en septembre 2018 pour Les Echos, Laurent Ramsey, managing partner chez Pictet AM, avait vu juste : "L’attention se tourne toujours plus vers la manière dont les entreprises abordent les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG)." Toutes les sociétés de gestion se préoccupent dorénavant de l’avenir de la planète et de la lutte contre les inégalités. Il est vrai qu’il y a une augmentation de la demande en faveur d’une finance durable, avec une recherche accrue de sens. "Aujourd’hui, l’ISR est le minimum légal !", résume dans Gestion de Fortune Nourrane Charraire, directrice de la gestion chez Mansartis. Mais des progrès restent à faire.
En témoignent les résultats d’études que publie l’Autorité des marchés financiers sur la perception des produits financiers responsables ou durables par les Français et les attentes des épargnants. Dans les résultats de l’enquête d’OpinionWay, 76 % des Français estiment que l’impact des placements sur la qualité de l’environnement (pollution, biodiversité…) est un "sujet important". Plus d’un épargnant sur deux (53 %) affirme prendre en compte les enjeux du développement durable. Mais 11 % seulement des personnes sondées "connaissent avec précision" un type de placement solidaire, durable, vert, responsable ou ISR. Et 38 % avouent en ignorer l’existence !
Une information jugée peu compréhensible
17 % des individus interrogés détiennent au moins une forme de placement responsable (via l’assurance-vie, le PEA, le PEE…). 72 % d’entre eux se disent "satisfaits" et 19 % "très satisfaits".
Par ailleurs, les labels ISR et Greenfin restent "très peu connus" du grand public (71 % des particuliers ne savent pas de quoi il s’agit) et inspirent une confiance "modérée" (moins de 10 % leur font « totalement » confiance). Parmi les freins à la souscription, les Français citent l’insuffisance de moyens, la crainte du greenwashing (pratique donnant une image trompeuse de la responsabilité écologique) et le manque d’information.
De l’enquête de CSA Research, il ressort surtout que les notions de placement responsable paraissent "floues" et les concepts tels que les critères ESG, ou extra-financiers, "opaques". Le vocabulaire employé dans les prospectus ou documents d’information clé pour l’investisseur [DICI] est, en outre, considéré comme "trop technique et décourageant". Enfin, les épargnants attendent des "exemples concrets" de projets et des "preuves de l’impact" des placements responsables.
A partir d’août 2022, les distributeurs et les conseillers devront proposer des portefeuilles ESG éligibles à la directive MiFID [Markets in Financial Instruments Directive] aux clients qui déclareront avoir une préférence pour le développement durable et l’investissement responsable. De quoi mieux répondre à leur besoin d’accompagnement.
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