Renversement de tendance sur le marché de l'assurance-vie ? En septembre 2011, les cotisations versées sur les contrats d'assurance-vie ont atteint 9,7 milliards d'euros alors que les prestations comprenant les rachats anticipés, les capitaux versés en cas de décès et ceux versés au terme du contrat, les prestations se sont chiffrées à 11,5 milliards. Comme les "sorties" excédent les "entrées", l'assurance-vie affiche une décollecte de 1,8 milliard d'euros en septembre.
"Une telle situation est assez rare, il faut remonter à 2008 et la faillite de Lehman Brothers pour enregistrer des rachats de contrats supérieurs à la collecte, en octobre et en décembre 2008, rappelle Philippe Crevel Secrétaire général du Cercle des Epargnants-Economiste. En prenant en compte le mois de septembre 2011, il n'y a eu que trois mois de décollecte depuis 1977". En passant de 1.373 à 1.367 milliards d'euros d' août à septembre 2011, l'encours de l'assurance-vie a bel et bien reculé de 6 milliards d'euros en un mois. Ce phénomène résulte de l'effet conjugué de la décollecte et de la crise boursière, qui malmène les performances des unités de compte. Faisant porter le risque par les assurés, les unités de compte représentent 15 % de l'ensemble des cotisations d'assurance-vie.
Les raisons du recul
Pas de doute, la crise financière, qui a éclaté cet été pousse les épargnants à privilégier à la fois la sécurité et le court terme. Si les premiers mois de l'année avaient été favorables au Livret A, cela est moins vrai en septembre avec une collecte de 1,13 milliards d'euros.
"En quête de liquidités, les banques ont orienté leurs clients vers les livrets bancaires en proposant des taux comparables à ceux de l'assurance-vie voire supérieurs, si l'on ne tient pas compte de la fiscalité conclut Philippe Crevel. Cette recherche de liquidités est en partie liée à leurs difficultés pour se financer sur le marché interbancaire et aussi à leur obligation de s'adapter au plus vite aux nouvelles exigences réglementaires". En pratique, les banques améliorent davantage leur ratio de liquidité lorsque leurs clients alimentent des produits maison, comme par exemple les livrets.
En outre, la perspective du tour de vis fiscal supplémentaire à compter de l'année prochaine incite nombre d'épargnants à sortir en totalité ou partiellement l'épargne logée dans leurs contrats. "Les rachats sont d'autant plus aisés qu'une grande partie des contrats d'assurance-vie arrive à maturité" conclut Philippe Crevel. Quasiment 64 % de l'encours de l'assurance-vie a plus de 8 ans et 47 % des contrats ont plus de 12 ans.
Dans ce contexte délicat, la FFSA (Fédération française des sociétés d'assurance se veut rassurante. "Ne traduisant pas un changement d'ordre de grandeur, la hausse des prestations enregistrée sur l'assurance vie s'explique par notamment l'effet de vieillissement des assurés qui l'utilisent pour conforter leurs revenus, et par l'impact de la crise économique poussant des assurés à effectuer des rachats de leurs contrats, pour financer leur consommation" explique Jean-François Lequoy, son délégué général.
Un autre placement joue en défaveur de l'assurance-vie : l'immobilier qui apparaît comme une valeur refuge en période de crise. "Cette décollecte s'explique aussi par l'attrait du placement immobilier et le contexte général de la crise de la dette souveraine qui inquiète les particuliers poursuit Jean-François Lequoy. Représentant moins de 1% des placements des compagnies d'assurance, l'exposition à la dette de la Grèce aura un impact limité sur les produits financiers des compagnies et partant sur la participation aux bénéfices des contrats d'assurance vie en euros, au titre de l'année 2011".
Reste à scruter l'évolution de la collecte de l'assurance-vie dans les prochains mois. Si le marché de l'immobilier résidentiel ralentit à compter de l'année prochaine, l'encours de l'assurance-vie devrait se maintenir, voire reprendre sa progression.
Martine DENOUNE
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