C’est ce qui, notamment, ressort d’une enquête mondiale du gestionnaire américain Legg Mason.
« Les investisseurs de la génération Y ont de grandes attentes, mais un appétit limité pour le risque, résument les spécialistes de Legg Mason. Ils espèrent un retour sur investissement annuel de 11 % en moyenne. Les Américains sont les plus ambitieux, avec un objectif de 14 % par an en moyenne, contre un peu moins de 8 % pour les Européens. Or, malgré leurs attentes, la partie la plus importante de l’allocation des investisseurs de la génération Y est placée en monétaire depuis le début 2016. »
Au niveau mondial, l’allocation d’actifs type des digital natives se répartit comme suit :
- 24 % en monétaire ;
- 19 % en actions ;
- 18 % en immobilier ;
- 17 % en obligations ;
- 13 % en actifs non traditionnels ;
- 9 % en or et métaux précieux.
Un air de famille
La majorité des investisseurs de la net generation aux États-Unis se disent conservateurs, contre une moyenne de 61 % des investisseurs de cette même génération au niveau mondial. Les investisseurs asiatiques se considèrent plutôt comme agressifs, du moins pour 46 % d’entre eux. Par rapport à l’étude de l’an dernier, plus des trois quarts des personnes interrogées (78 %) déclarent avoir désormais une « aversion au risque » plus marquée.
Autre point à prendre en compte : à la question « Quelle est la durée d’un investissement à long terme ? », 36 % des investisseurs de la génération Y répondent deux ans ou moins, 26 % entre deux et cinq ans, 25 % entre cinq et dix ans et seulement 13 % d’entre eux l’envisagent avec un horizon de plus de dix ans. Autrement dit, chez les Millennials, plus d’un individu sur deux ne semble pas avoir une juste notion du long terme, sachant qu’un laps de temps inférieur à deux ans concerne plutôt le court terme et qu’une période de deux à cinq ans relève plutôt du moyen terme. Mais force est de constater que tout est relatif !
En revanche, les Australiens montrent une « vraie » appréciation de ce qu’est une tendance de long terme, avec 36 % des réponses qui définissent le long terme en l’associant à un investissement sur une durée supérieure à dix ans.
« Les investisseurs de la génération Y sont plutôt conservateurs et nous nous demandons si ce n’est pas un héritage du passé, commente Matthew Schiffman, directeur exécutif et directeur marketing monde de Legg Mason. Ma génération est celle des investisseurs qui ont évolué dans un environnement de marché haussier, dans les années 1980, où nous étions récompensés pour les risques que nous prenions. A contrario, mes parents ont vécu enfants à l’époque de la grande dépression dont le souvenir les a conduits à être des investisseurs extrêmement prudents. La génération Y, continue-t-il, est issue d’une période mouvementée allant de l’éclatement de la bulle Internet à la grande récession. Comme la génération de mes parents, la génération Y adopte peut-être une approche conservatrice en raison de l’histoire qu’elle a vécue. »
Se mettre en difficulté ?
« La question que nous devons nous poser, s’interroge le professionnel, est la suivante : Avec une durée de vie qui s’allonge et tous les coûts que cela implique, en n’investissant pas sur des actifs plus axés sur la croissance, où le risque et la rémunération sont proportionnels, la génération Y ne prend-elle pas le risque de se mettre en difficulté pour la formation de capitaux à l’avenir ? »
Toujours est-il que les investisseurs de la génération Y sont ouverts sur le monde : près de neuf jeunes investisseurs sur dix (86 %) déclarent, en moyenne, investir 24 % de leurs avoirs en dehors de leur pays. 83 % d’entre eux affirment même qu’ils seront plus concentrés sur l’international qu’ils ne l’étaient en 2015. Au demeurant, selon l’étude, la génération Y perçoit la Chine, la Russie, les États-Unis, le Japon et le Mexique comme les cinq pays qui présentent le plus de risque en termes d’investissement. En outre, il convient de noter que 91 % des digital natives ont recours aux ETF (Exchange Traded Funds, ou fonds indiciels cotés, également appelés trackers) pour investir dans les marchés d’actions.
« Les Américains sont les plus friands d’ETF, qui représentent 97 % de leurs investissements en actions, contre 82 % pour les Australiens, qui sont ceux qui, dans le panel, utilisent le moins les ETF », ajoutent les responsables de l’étude.
S’agissant des objectifs d’investissement, la génération Y veut d’abord profiter d’un niveau de vie confortable (pour 86 % d’entre eux), puis épargner pour la famille ou l’éducation des enfants (38 %) et, enfin, se constituer une épargne-retraite (32 %). De façon assez contre-intuitive, les jeunes Américains sont les plus nombreux à confier que leur objectif est de partir tôt à la retraite ou de quitter leur emploi (45 %, contre une moyenne de 28 % pour l’ensemble des investisseurs). Par ailleurs, les investisseurs de la génération Y qui sont les plus focalisés sur le fait d’investir dans le but de bâtir leur propre entreprise sont les Latino-Américains (43 %, contre 22 %, en moyenne, pour l’ensemble de la tranche d’âge à l’échelle mondiale).
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L’enquête Legg Mason a été réalisée dans dix-neuf pays par Northstar Research Partners auprès de 1.267 investisseurs d’un âge compris entre 18 et 39 ans. Elle a été conduite entre le 3 décembre 2015 et le 8 janvier 2016, à l’aide d’un questionnaire quantitatif en ligne. Legg Mason est une société de gestion internationale. Elle est basée à Baltimore et cotée au New York Stock Exchange. Le total de ses encours sous gestion s’élève à 670 milliards de dollars (à fin mars 2016).