« Après une traversée du désert rythmée par la forte baisse du prix des matières premières et le ralentissement de l’économie chinoise, les marchés émergents font leur retour », observe Leslie Sita, gérante chez Lombard Odier Investment Managers.
Une remontée qui se déroule dans un environnement d’inflation quasi-inexistante dans les pays développés et de devises émergentes sous-évaluées. Globalement, la dette émergente procure un rendement de 6,7 % en monnaies locales et de 5,2 % en dollar, quand les taux des pays développés sont extrêmement bas (1,7 % pour le 10-ans américain, l’un des plus rémunérateurs).
« Ces dernières années, notre opinion à l’égard des actions émergentes était négative, déclare Stéphane Mauppin-Higashino, directeur d’Emerise (Natixis Asset Management). La croissance cumulée du produit intérieur brut (PIB) se stabilise aux alentours de 4,5 % pour 2016-2017, contre + 1,7 % pour les marchés développés. Il faut s’attendre à ce que l’écart se creuse ces prochaines années. Notre indice des directeurs d’achat s’est redressé pour dépasser 50, seuil marquant une expansion. Sur le front monétaire, la majorité des pays émergents reste dans une phase d’assouplissement, ce qui stimule leurs économies. »
Des opportunités uniques
Les révisons à la baisse des bénéfices par action des entreprises ont pris fin. Les marchés émergents se paient 12 fois les résultats estimés, contre plus de 16 fois pour les marchés développés, par ailleurs confrontés à une croissance économique faible et, dans certains cas, à la perspective d’une érosion des profits des sociétés. Après des retraits de 150 milliards de dollars en moins de cinq ans, près 20 milliards de dollars ont été investis en actifs émergents au cours des deux derniers mois. C’est de bon augure…
Avec son fonds GemEquity, Gemway Assets s’intéresse à la hausse du pouvoir d’achat des populations émergentes. Dans un univers de 20 000 titres, ses gérants en retiennent potentiellement 2 000 après application de filtres (capitalisation, chiffre d’affaires, volume de négociation) et, au final, une cinquantaine, comme Tancent, Samsung Electronics, AIA, Maruti Suzuki, TSMC, Alibaba, Ping An Insurance, Naspers, Jiangsu Hengrui Medecine, Weng, etc.
« Même après la progression des émergents [+ 12 % depuis le Brexit de fin juin, soit quatre fois plus que les valeurs de la zone euro], pronostique Bruno Vanier, président de Gemway Assets, nous prévoyons à moyen terme une forte surperformance des émergents par rapport aux pays développés. L’essor des nouvelles technologies et d’Internet fournit des opportunités uniques de croissance, notamment en Chine. Dans certains pays, comme la Russie, le Brésil ou l’Afrique du Sud, on peut escompter un retournement cyclique à l’horizon 2017-2018. »