Comme le luxe, le marché de l'art fait partie des secteurs sortis les premiers de la crise. Et sans doute n'est-ce pas un hasard, les ventes se concentrant de plus en plus sur des oeuvres exceptionnelles à des prix très élevés, qui en font de vrais produits... de luxe. En témoignent les volumes d'affaires générés par les ventes (y compris les ventes privées) des deux grandes maisons mondiales, Christie's et Sotheby's, au premier semestre 2010.
Pour la première, détenue par la famille Pinault, elles ont atteint 2,57 milliards de dollars (1,93 milliard d'euros), en croissance de 46 % sur celles enregistrées sur la même période en 2009. La progression est encore plus spectaculaire pour Sotheby's, cotée à la Bourse de New York, avec une hausse de 116 %, pour atteindre 2,4 milliards de dollars (1,67 milliard d'euros). En termes de chiffre d'affaires proprement dit, au premier trimestre, historiquement le plus faible, l'activité de Sotheby's s'était accrue de 87 %, à 101,9 millions, avec des pertes ramenées de 34,4 millions sur les trois premiers mois de l'année 2009 à 2,2 millions.
Au deuxième trimestre, le bénéfice s'est établi à 86,2 millions de dollars, ou 1,26 dollar par action, a annoncé la maison new-yorkaise en fin de semaine dernière, soit dans le haut de la fourchette estimée par les analystes entre 0,84 et 1,27 dollar. Sur les six premiers mois de l'année, le bénéfice net ressort donc à 84,1 millions, soit le deuxième meilleur résultat jamais obtenu, s'est félicité Sotheby's dans un communiqué. Une performance saluée par les marchés.
L'ascension du titre Sotheby's
Le cours de l'action a bondi de près de 8 % en début de séance vendredi, pour terminer finalement en hausse de 3,06 %, à 30,61 dollars. Et ce, alors même que, avant la publication de ces résultats, le titre avait déjà gagné près de 25 % sur un mois, et quasiment doublé sur un an, à 27,84 dollars mercredi à la clôture, contre 14,10 dollars fin juillet 2009, les investisseurs ayant manifestement anticipé ce fort rebond.
De fait, contrairement à la crise des années 1990, qui avait vu un marché de l'art atone, celle de 2009 avait surtout été marquée par " une crise des volumes, les prix étant restés élevés sur les oeuvres de grande valeur ", rappelle Guillaume Cerruti, le PDG de Sotheby's France. Une tendance confirmée en début d'année " avec moins de ventes organisées, moins d'objets mais un effet prix qui demeure, les acheteurs restant actifs pour les oeuvres de grande qualité ", ajoute-t-il.
Autre enseignement de ce premier semestre, le rebond est vérifié sur tous les grands lieux de vente, avec des acquéreurs de toutes les régions du monde, les Russes, les Asiatiques et les Moyen-orientaux, rentrés sur le marché au milieu des années 2000 restant très présents. Enfin, souligne Guillaume Cerruti, " avec la révélation de disciplines comme la sculpture notamment, et de nouvelles périodes, dans l'art asiatique par exemple, le marché a atteint une profondeur qui nous permet d'envisager une activité soutenue pour le restant de l'année ".
Antoine BOUDET