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Deux sociétés de gestion britanniques, Henderson Global Investors et Jupiter Asset Management analysent la situation à quelques semaines du référendum du 23 juin.

10 mai 2016

Michel Lemosof

Le dossier Grexit (éventualité de la sortie de la Grèce de la zone euro) étant à peine refermé qu’a surgi le dossier Brexit (possibilité, pour le Royaume-Uni, de quitter l’Union européenne). La « perfide Albion » va-t-elle filer à l’anglaise ?

Une source d’inquiétudes parmi d’autres

Pour l’instant, l’issue du scrutin paraît imprévisible, ne serait-ce qu’en raison de la forte proportion de ressortissants qui se déclarent indécis. Si le contexte ne paraît déjà pas spécialement propice aux investissements (du fait du ralentissement économique chinois, de la perspective d’un plafonnement de la croissance américaine, de la fragilité de certaines banques européennes et d’un excès d’offre de pétrole), le risque d’un Brexit devrait induire un surcroît de volatilité dans les marchés, à commencer par ceux des actions et des obligations britanniques, tandis que la livre sterling pourrait être attaquée.

« S’imaginer qu’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne améliorerait le sort du pays, avec de nouveaux accords commerciaux, un arrêt de l’immigration et des subventions versées à l’Europe, est totalement illusoire, déclarait dernièrement Phil Poole, directeur de la recherche de Deutsche AM, sur le site Investir.fr. L’incertitude que cela créerait aurait un impact négatif sur l’investissement domestique et étranger, le climat des affaires, la confiance des ménages et les créations d’emplois. Le reste de l’Europe serait, bien sûr, très affecté par l’éloignement de sa deuxième plus importante économie. Sans compter que la prédominance germanique s’en trouverait renforcée. Mais, pour le moment, compte tenu des sondages, nous parions sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. »

Trois professionnels de l’équipe de gestion actions européennes de Henderson Global Investors, qui ont chacun leur autonomie de jugement, se prononcent sur les répercussions d’un éventuel Brexit. D’abord, selon John Bennett, les Britanniques voteront pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne.

« Je ne pense pas à un résultat tranché, précise-t-il, et mes portefeuilles n’ont pas été repositionnés en prévision d’un vote de maintien ou de sortie. Si le Royaume-Uni décidait de sortir de l’Union européenne et qu’un mouvement de panique affaiblissait la livre sterling, cela pourrait conduire à la relance de l’économie du Royaume-Uni. Ceci pourrait avoir un effet positif dans un monde menacé de déflation. »

Dans ce cas, le gérant mettrait l’accent, « en spéculation », sur les compagnies qui bénéficieraient de l’affaiblissement de la devise. Les sociétés exportatrices seraient mécaniquement avantagées. Ensuite, Nick Sheridan souligne que le Brexit constitue une source d’inquiétudes au même titre que la crise des migrants, que la transformation de l’économie chinoise ou que la situation politique en Espagne.

La nervosité des investisseurs attisée

« Je pense toutefois, analyse-t-il, qu’il est fort probable que ces inquiétudes aient déjà été largement intégrées dans les valorisations. Les éléments les plus importants sont la solidité de l’économie américaine, du dollar, et l’éventuelle dévalorisation de la devise chinoise. Les actions européennes pourront progresser, indépendamment de l’incertitude entourant le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, si l’économie américaine évite la récession, comme le prévoient les données manufacturières les plus récentes, et que la Chine ne dévalorise pas le yuan. »

Enfin, Tim Stevenson s’appuie également sur les sondages pour dire que le Royaume-Uni se maintiendra dans l’Union européenne mais que le stress lié à la crise des migrants et à la situation économique générale pourrait « attiser » la nervosité des investisseurs. Quelle que soit l’issue du référendum, les incertitudes soulevées par le scrutin pourraient « entraver » la progression des marchés.

« Cela va surprendre les personnes vivant hors du Royaume-Uni, explique Tim Stevenson, mais les conservateurs semblent largement en faveur de la sortie de l’Union européenne et bon nombre d’entre eux préféreraient voir le pays revenir cent cinquante ans en arrière. Les partisans de la sortie de l’Union européenne affirment qu’une courte période de transition s’en suivra, avant que l’économie britannique ne se reprenne. J’estime, ajoute-t-il, que ceux qui affirment que la sortie de l’Union européenne n’aura pas de répercussions négatives sur l’économie britannique sont naïfs. Nous devons rester fortement sous-pondérés sur le Royaume-Uni, par rapport à l’indice de référence, jusqu’à ce que la situation soit réglée. »

Chez Jupiter AM, Ariel Bezalel, gérant du fonds Jupiter Dynamic Bond, n’hésite pas à dire qu’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne aurait certainement des conséquences négatives sur le rayonnement international du pays. D’après lui, le résultat pourrait être un « choc global » produisant une volatilité importante à travers tous les actifs risqués.

« Depuis le début de l’année, commente-t-il, le spectre du départ du Royaume-Uni de l’Union européenne préoccupe de plus en plus les investisseurs. Les conséquences immédiates d’un vote en faveur du départ du Royaume-Uni seraient une baisse de la livre sterling et une baisse des actifs britanniques, les marchés ayant horreur de l’incertitude. Cependant, nous ne sommes pas convaincus qu’à long terme l’impact économique soit particulièrement négatif. Par ailleurs, nous ne pensons pas que beaucoup de pays en Europe stopperaient purement et simplement tout commerce avec le Royaume-Uni si le pays quittait l’Union européenne. En réalité, c’est la potentielle scène politique qui nous préoccupe, scène politique dans laquelle la position de l’Europe serait grandement diminuée sans le Royaume-Uni et la place du Royaume-Uni serait également très diminuée au niveau mondial. De plus, le Brexit devrait, le cas échéant, créer une incertitude politique dans le pays, étant donné qu’il est hautement probable que le Premier ministre, David Cameron, démissionne. »

Possible remise en cause du projet européen

« Nous pensons également, continue-t-il, que le départ du Royaume-Uni pourrait remettre en cause l’existence même du projet européen. Dans des pays comme la France, la Pologne ou l’Espagne, des partis extrémistes autrefois en marge gagnent du terrain sur la scène politique européenne. Une sortie du Royaume-Uni aurait selon toute vraisemblance comme conséquence une hausse de la popularité des mouvements contestataires européens. C’est cela qui devrait créer de la volatilité sur toutes les classes d’actifs et c’est ce qui explique que les ministres des Finances réunis lors du G20 aient alerté sur le fait qu’un Brexit pourrait se traduire par un choc d’ampleur internationale. Nous avons donc rééquilibré notre portefeuille pour tenter de contenir ce risque. »

Dans un contexte de taux d’intérêt bas et d’une relative bonne santé économique, de nombreuses entreprises britanniques peuvent plus facilement rembourser leurs dettes. Dans le portefeuille, la pondération du Royaume-Uni représente près de 28 % de l’actif, environ la moitié de la position étant consacrée à des obligations bancaires. Le professionnel fait donc preuve d’un certain optimisme. Il est vrai que la politique monétaire de la Banque d’Angleterre va encore rester accommodante « un certain temps », que les taux d’intérêt ne devraient pas remonter en Grande-Bretagne « avant la fin de l’année prochaine » et que l’économie britannique paraît en meilleure forme que ses homologues.

Pour le spécialiste des marchés obligataires internationaux, il est capital d’éviter les banques européennes fragiles, car l’époque où les détenteurs d’obligations pouvaient s’attendre à être renfloués en cas de faillite bancaire est « révolue ». Selon lui, il n’est pas exclu que des opérations de sauvetage interne (bail-in), par transformation d’obligations en actions ou par réduction de créances, aient lieu dans les deux ans. Valeurs bancaires préférées du gérant : Lloyd, RBS (Royal Bank of Scotland), Nationwide, Coventry et Barclays. Un tiers du fonds Jupiter Dynamic Bond se compose de dettes souveraines américaines et australiennes. 2 % du portefeuille sont alloués à des obligations convertibles émises par des sociétés minières aurifères, l’or étant habituellement considéré comme une valeur refuge.

Pour ceux que le Brexit pourrait laisser de marbre, il est un autre vote sur lequel il est éventuellement possible de réfléchir : celui du quarante-cinquième président des Etats-Unis, le 8 novembre prochain…

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