Apparue dans les années 70, la finance comportementale, application de la psychologie à la finance, permet de mieux comprendre les évolutions boursières. Elle nous renseigne sur notre façon, souvent irrationnelle, de prendre nos décisions dans des marchés qui fluctuent. Le point sur la question.
"La finance comportementale, a fait remarquer l’économiste Mickaël Mangot, cherche à évaluer les comportements. Les investisseurs, individuels ou professionnels, ne sont pas pleinement rationnels. Leurs comportements affichent de nombreux biais cognitifs, émotionnels ou sociaux."
Chez Vega Investment Managers, Sandrine Vincelot-Guiet, directeur conseil, a établi une liste de biais comportementaux. Elle commence par l’excès d’optimisme. Un investisseur passe en moyenne dix fois plus de temps à évaluer la progression future d’un placement qu’à en soupeser le risque ! Par ailleurs, nous sommes enclins à nous approprier le mérite d’une réussite et à attribuer un échec à des facteurs extérieurs.
Autre biais : l’illusion du contrôle.
"Celle-ci, précise la spécialiste, se traduit par le fait de croire que l’on va pouvoir contrôler ou influencer une chose sur laquelle nous n’avons aucun pouvoir."
Résultat : un investisseur peut s’entêter à conserver une position quand les faits lui donnent tort.
Par ailleurs, l’illusion de la connaissance est le sentiment d’avoir plus d’informations que les autres. On devient alors plus confiant et… on peut prendre trop de risques. On se sent aussi plus compétent s’agissant d’actions qui portent des noms familiers. Ce qui n’a rien d’objectif !
Prendre des décisions éclairées
Le biais de confirmation exprime notre tendance à privilégier les éléments qui confirment nos idées et à ne pas accorder autant d’importance à ceux qui les contredisent.
"Ce que les individus savent le mieux faire, a souligné dans l’un de ses aphorismes l’homme d’affaires américain Warren Buffett, c’est sélectionner les informations de manière à préserver leur vision des choses."
Une perte est ressentie de 2 à 2,5 fois plus intensément qu’un gain équivalent. C’est l’aversion aux pertes.
Passons maintenant aux heuristiques de représentativité : opérations mentales rapides et intuitives. Alors qu’un raisonnement argumenté serait plus utile… Fondé sur une première impression, le biais d’ancrage empêche d’intégrer d’autres éléments à la prise de décision. Avec le biais de cadrage, il s’agit de nous intéresser à la formulation et à la présentation de termes – positifs ou négatifs – que nous entendons, lisons ou employons. La tendance à enjoliver les situations en est une variante répandue.
L’illusion des séries, elle, revient à nier les statistiques en pensant qu’une série va se prolonger ou s’inverser.
"Cela revient à percevoir, à tort, des signes du destin ou des coïncidences", affirme Sandrine Vincelot-Guiet.
Enfin, il y a l’effet moutonnier (également appelé mimétisme ou preuve sociale). La formation de bulles spéculatives, par exemple, trouve son origine dans le comportement grégaire des investisseurs.
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