Bonjour et bienvenue à ce Point marchés du mois d'avril.
Le mois de mars a été largement dominé par l'actualité du secteur bancaire avec la faillite de la banque régionale américaine Silicon Valley Bank et, dans la foulée, la chute de Credit Suisse, qui a été immédiatement rachetée par la banque UBS. Il en a résulté un épisode de turbulences financières avec une augmentation de la volatilité, notamment sur les marchés obligataires.
Et on a observé, dans un premier temps, une chute des Bourses avec le repli marqué des valeurs bancaires, une augmentation de l'or et une baisse des taux d'intérêt sur les emprunts d'Etat qui ont alors pleinement joué leur rôle de valeur refuge. Et il aura fallu l'intervention des régulateurs et des banques centrales, qui ont mis en place des mesures pour assurer la liquidité, pour ramener le calme. Les indices boursiers se sont alors redressés, effaçant presque les pertes enregistrées durant l'épisode de turbulences, mais l'environnement pour les investisseurs demeure fragile et l'incertitude va vraisemblablement persister un certain temps.
Cet épisode a remis au premier plan la question de la stabilité financière. Ceci dit, les grandes banques, aux États-Unis comme en Europe, ont des bilans solides et sont bien capitalisées. Il n'y a donc pas de risques systémiques, et ce d'autant plus que les autorités de tutelle se sont engagées à stabiliser la situation si besoin. Toutefois, les petites banques, notamment les petites banques américaines, vont vraisemblablement rester sous pression, avec un retour sans doute de la réglementation.
Les banques centrales sont dans une position délicate. Elles doivent en effet trouver le bon équilibre entre leurs deux objectifs. D'une part, endiguer l'inflation, d'autre part, maintenir la stabilité financière. Or, rappelons que si l'inflation ralentit, elle demeure trop élevée et elle devrait rester supérieure aux objectifs des banques centrales, tant aux États-Unis qu'en Europe en 2023. D'autre part, la croissance économique devrait être affectée par le resserrement des conditions de crédit, notamment aux États-Unis, où on observe les premiers signes tangibles de ralentissement de l'activité. Nous estimons que l'économie américaine entrera en récession dans le courant du deuxième trimestre.
De leur côté, les marchés émergents ont mieux résisté à l'épisode de turbulences et devraient continuer de bénéficier de la reprise chinoise et, dans une certaine mesure, aussi de l'amélioration des perspectives en Inde. Cependant, d'un point de vue global, la croissance chinoise ne sera pas suffisante pour compenser le ralentissement de l'économie américaine. Et en outre, il faut rappeler que les économies émergentes constituent un ensemble très hétérogène. Dans cet environnement, nous restons très vigilants et sommes devenus encore plus prudents sur les secteurs qui sont les plus sensibles à la conjoncture.
Concrètement, les emprunts d'Etat constituent de nouveau une valeur refuge. Ils permettent de bien diversifier les portefeuilles et de bien les protéger, ce qui est utile compte tenu des inquiétudes concernant la stabilité financière.
En ce qui concerne les obligations d'entreprises, nous ne souhaitons clairement pas être exposés aux titres de faible qualité qui correspondent souvent à des entreprises trop endettées, que ce soit aux États-Unis ou en Europe. En revanche, nous recherchons activement des opportunités d'investissement du côté des titres de meilleure qualité, en particulier sur les maturités courtes, que ce soit du côté des économies avancées ou même dans certains pays émergents.
En ce qui concerne les actions, nous restons prudents en nous concentrant sur des titres de qualité, c'est-à-dire des entreprises qui ont peu d'endettement, des bilans solides et des profits stables. Les secteurs cycliques tels que la banque, les matériaux de base, l'énergie resteront très sensibles à la conjoncture et vraisemblablement sous pression tant que la situation n'est pas clarifiée. Mais cela devrait ouvrir des opportunités d'investissement plus tard dans l'année.
De leur côté, les pays émergents devraient continuer de bénéficier de la reprise économique, en particulier en Chine, et de l'amélioration plus générale des perspectives de croissance dans un bon nombre de pays.
Dans l'ensemble, l'incertitude qui prévaut sur les perspectives économiques encourage plus que jamais à maintenir des portefeuilles bien diversifiés, incluant des actifs tels que l'or, qui permettent de protéger les performances en cas de stress économique.
En résumé, vous l'aurez compris, les investisseurs doivent continuer de privilégier les actifs de qualité, que ce soit du côté des actions ou des obligations d'entreprises.
Merci de votre attention et rendez-vous au prochain Point marchés.
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