Bonjour et bienvenue dans ce point marchés du mois de janvier.
Tout d'abord, permettez-moi de vous présenter mes meilleurs vœux pour l'année 2022.
L'année dernière s'est achevée sur une résurgence de l'épidémie avec le nouveau variant Omicron et de nouvelles mesures de restrictions sanitaires. Toutefois, en toute fin d'année, des études épidémiologiques disponibles tendaient à être rassurantes sur la sévérité de ce nouveau variant.
Sur le plan politique, on retiendra surtout deux événements.
D'abord, aux Etats-Unis, l'échec du plan Biden, ce vaste plan de dépenses sociales, « Build Back Better » de 1700 milliards de dollars, qui n'a pas trouvé de majorité au Sénat. Ceci dit, cela ne change pas nos perspectives de croissance pour l'économie américaine cette année. L'économie sera avant tout tirée par la consommation et l'investissement.
Dans un tout autre registre, sur le plan géopolitique, on note un accroissement des tensions à la frontière entre la Russie et l'Ukraine, mais ces tensions ont été atténuées par un dialogue au sommet entre les présidents Biden et Poutine.
Et ce qu'il faut retenir, c'est qu'aucun de ces deux événements n'a eu d'impact sur les marchés au cours du mois de décembre.
Sur le mois de décembre, trois points majeurs retiennent notre attention : le trou d'air conjoncturel qui est en cours et qui s'annonce ; deuxièmement, l'inflation, qui est toujours plus élevée ; et enfin, les banques centrales qui, dans cet environnement, ajustent leur communication.
En ce qui concerne le trou d'air, on observe un affaiblissement du climat des affaires dans les services aux Etats-Unis et en Europe, en lien avec le variant Omicron. Et cet affaiblissement va probablement se poursuivre en début d'année. En revanche, le secteur manufacturier, en dépit des contraintes d'approvisionnement, de la montée des prix des intrants, est plutôt résistant. Et ça, c'est une bonne nouvelle pour les profits des entreprises, qui sont beaucoup plus sensibles au secteur manufacturier qu'aux services. Enfin, il convient de garder à l'esprit le principal enseignement des vagues passées : l'impact économique de chaque nouvelle vague tend à être de moins en moins important, ce qui conforte notre idée qu'il s'agit avant tout d'un trou d'air et non d'un ralentissement prononcé de la croissance.
Deuxième point qui retient notre attention ce mois-ci : l'inflation toujours plus haute. Aux Etats-Unis, l'inflation est ressortie à 6,8% en glissement annuel au mois de novembre ; c'est le niveau le plus élevé depuis près de 40 ans, avec un marché du travail qui continue à se resserrer. Le taux de chômage est tombé à 4,2%. Au Royaume-Uni, l'inflation grimpe à 5,1% et le taux de chômage également se réduit à 4,2%. Et ces chiffres là viennent après les chiffres très élevés publiés en zone euro, où l'inflation était à 4,9% sur un an, un plus haut depuis la naissance de l'euro. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, on observe, en raison des tensions sur le marché du travail, des vrais risques de dérapages salariaux qui pourraient provoquer une inflation plus structurelle.
Dans ces conditions, et c'est notre troisième point, les banques centrales ajustent leur communication. Au mois de décembre, trois des grandes banques centrales se sont dites davantage préoccupées par les niveaux d'inflation que par le ralentissement économique induit par la nouvelle vague épidémique.
La Banque d'Angleterre a été la première à tirer avec une augmentation des taux directeurs de 0,15% à 0,25%, en dépit de la crise sanitaire qui sévit au Royaume-Uni. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale communique clairement sur le fait qu'elle va accélérer le ralentissement de ses achats de titres, ce qui laisse entendre qu'elle aura fini son programme d'assouplissement quantitatif d'ici la fin du mois de mars. Et ce qui ouvre la porte à une séquence de hausse de taux d'intérêt. À ce jour, trois hausses de taux d'intérêt sont anticipées par les marchés cette année.
La Banque centrale européenne est, quant à elle, moins offensive dans sa communication. Christine Lagarde, sa présidente, estime que l'inflation est avant tout tirée par les prix de l'énergie et par des goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement et, sur ces deux fronts, on devrait voir un apaisement dans le courant de l'année. Ceci dit, la BCE (Banque centrale européenne) a confirmé vouloir mettre fin à son programme d'achats de titres d'urgence, le fameux PEPP, qui s'éteindra d'ici à la fin du mois de mars, et on observera une réduction, ensuite progressive, de ses achats de titres. Et cela ouvrira la porte, mais bien plus tard, à une première remontée des taux d'intérêt.
En revanche, la Banque centrale chinoise est dans une toute autre position. Elle a assoupli sa politique monétaire. Elle a réduit ses taux directeurs au mois de décembre. D'abord, son taux de réserves obligatoires de 50 points de base. Ensuite, son principal taux de prêt préférentiel pour aider les petites entreprises. Et elle conserve un biais accommodant en raison de la situation conjoncturelle très dégradée actuellement en Chine.
Dans cet environnement, les marchés d'actions ont connu de très belles performances au mois de décembre.
Après un pic de volatilité lié au variant Omicron à la fin du mois de novembre, les marchés se sont rapidement redressés en lien avec les données épidémiologiques en provenance d'Afrique du Sud et du Royaume-Uni, qui étaient particulièrement rassurantes, mais aussi soutenues par les profits, qui restent toujours très forts dans les pays avancés.
Citons les principaux indices : le S&P 500 aux Etats-Unis, en hausse de 4,4% sur le mois, l'Eurostoxx 50, dans la zone euro, en hausse de 5,8%, le Topix au Japon, en hausse de 3,7% sur le mois. Exception à ces bonnes performances, toujours, le Hang Seng de Hong-Kong, qui a continué de se replier sur le mois de décembre, à -0,3%.
Les taux d'intérêt à long terme ont, quant à eux, remonté en lien avec la communication des banques centrales et les niveaux d'inflation plus élevés.
On observe une remontée de l'or de près de 3% sur le mois.
Le Bitcoin a baissé de près de 19% sur le mois.
Le prix du pétrole a gagné, pour le baril de Brent, pratiquement 10%, à 78$.
Et enfin, on notera que le dollar est resté à peu près stable contre toutes devises sur le mois.
Dans cet environnement, quelles sont nos perspectives ?
Les vents contraires n'ont pas fini de souffler sur les marchés. Le trou d'air conjoncturel n'est pas terminé. L'inflation va rester élevée. Les banques centrales ont entamé un processus de normalisation monétaire et donc, dans ces conditions, il convient de rester particulièrement prudent. On estime que les taux d'intérêt obligataires, dans cet environnement, vont continuer de monter. Ceci dit, la croissance va résister.
Une fois passé le trou d'air, on devrait avoir des rythmes de croissance, en moyenne cette année, très au-dessus du potentiel et compatibles avec la poursuite de la progression des profits des entreprises à un rythme de 7-8% dans les grands pays avancés.
Donc ceci est toujours dans un environnement où les taux d'intérêt réels, c'est-à-dire les taux d'intérêt nominaux, défalqués de l'évolution des prix, restent négatifs, et bien, cet environnement reste porteur pour les placements du côté des actions, mais il va falloir être particulièrement vigilant et savoir se positionner sur des titres d'entreprises qui savent plutôt bien naviguer dans un environnement inflationniste.
Par ailleurs, il faudra aussi conserver un oeil attentif sur les marchés émergents, notamment ceux dont les banques centrales ont déjà ajusté leur politique monétaire en 2021.
Du côté des actions, la Chine pourrait être la bonne surprise de l'année, une fois le ralentissement économique en Chine sous contrôle, après la très mauvaise performance enregistrée en 2021.
Merci de votre attention et rendez-vous à notre prochain Point Marchés.
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