Bonjour et bienvenue à ce point marchés du mois d’octobre.
Aujourd’hui, je voudrais vous entretenir de quatre thèmes : les élections allemandes, l’inflation, les politiques des banques centrales, la situation en Chine, pour finir par nos convictions en matière de politique d’investissement.
D’abord, commençons par les élections allemandes. Comme vous le savez, le parti social-démocrate, le PSD (centre gauche), a battu d’une courte tête le parti chrétien-démocrate, la CDU d’Angela Merkel. Le paysage politique est fractionné. Il faudra trois partis pour former la prochaine coalition gouvernementale et une chose est quasi assurée : c’est la participation des Verts et des libéraux à la prochaine coalition. La participation des Verts laisse augurer une place importante aux thématiques d’investissement durable et, plus généralement, d’ESG. Les résultats des élections ont été plutôt bien accueillis par les marchés. Il ne devrait pas y avoir de volte-face en matière de politique économique. Ceci résulte de la nécessité de trouver un compromis entre les trois partis.
Du côté de l’inflation, on observe un redressement des anticipations d’inflation à court terme dans la plupart des économies avancées, exception faite du Japon. Les banques centrales conservent leur rhétorique selon laquelle l’inflation est avant tout un phénomène temporaire. De notre point de vue, les pressions inflationnistes résultent d’une combinaison de facteurs transitoires, cycliques et structurels. Et en particulier du côté des goulets d’étranglement, des tensions sur les chaînes d’approvisionnement, elles sont là pour durer et ceci pourrait conduire à une inflation post-crise un peu plus élevée.
A ce propos, quelques mots sur les prix de l’énergie en Europe. La pénurie d’offre, couplée aux pressions haussières sur la demande, explique la tendance à la hausse des prix de l’énergie. A cela s’ajoute le coût croissant lié aux émissions de CO2 de certaines entreprises européennes. Enfin, les tensions géopolitiques avec la Russie sont un facteur de risque haussier sur les prix de l’énergie à surveiller.
Les banques centrales s’ajustent à la remontée des prévisions d’inflation. La banque centrale de Norvège, par exemple, a remonté ses taux directeurs. La Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine ont amendé leur communication et laissent entendre qu’elles s’orientent vers un ralentissement des achats de titres. C’est notamment le cas aux Etats-Unis où le programme d’achats de titres, l’assouplissement quantitatif, pourrait prendre fin dans le courant de l’année prochaine. Il existe une exception notable à ce changement de communication, c’est du côté de la banque centrale japonaise qui maintient, en l’état, sa politique monétaire compte tenu du faible niveau d’inflation.
Du côté de la Chine, les perspectives à l’horizon des six prochains mois s’annoncent moins porteuses. La croissance a surpris à la baisse au troisième trimestre, à l’exception des exportations. Ceci s’explique par une série de raisons : d’une part, par le durcissement passé de la politique économique mais aussi par les restrictions sanitaires, par le rationnement de l’électricité, tout cela dans un contexte de pénurie mondiale de puces informatiques, cela contribue au ralentissement observé de l’économie chinoise. La vague de règlementations, en revanche, se poursuit dans un contexte où les autorités chinoises pensent que la croissance va rester supérieure à 8%. C’est aussi notre conviction pour l’année 2021 mais nous anticipons un ralentissement de la croissance à l’horizon 2022 avec une croissance de l’ordre de 5%. Dans ces conditions, la banque centrale chinoise continue d’injecter des liquidités au jour le jour pour maintenir la stabilité financière. Tous les yeux sont rivés sur le cas Evergrande, le plus grand promoteur immobilier chinois, qui peine aujourd’hui à honorer le remboursement de ses dettes. Les autorités devraient tout faire pour que ce choc reste local et ne se diffuse pas au reste de l’économie. On s’attend à une restructuration ordonnée de la dette d’Evergrande.
Dans cet environnement, que s’est-il passé du côté des marchés ? Les déclarations des banques centrales ont exercé une pression haussière sur les taux d’intérêt nominaux et réels à long terme. Les devises ont continué de fluctuer dans une marge assez étroite. Les prix des matières premières, et notamment du pétrole, ont repris le chemin de la hausse. Du côté des actions, les investisseurs ont continué de bouder la bourse chinoise qui est en repli de 6% sur le mois et de 20% sur l’ensemble de l’année. L’indice phare de la bourse japonaise, en revanche, a augmenté de 7% en dépit des performances négatives enregistrées par les autres places boursières.
Dans ces conditions, quelles conclusions en matière de politique d’investissement ? D’ici la fin de l’année, nous voyons trois principaux thèmes à surveiller. Premièrement, le couple croissance / inflation ; deuxièmement, les développements en matière d’investissements verts ; et, troisièmement, la vague règlementaire en Chine.
Compte tenu des bonnes performances enregistrées par les classes d’actifs risqués depuis le début de l’année et compte tenu également des risques identifiés de ralentissement de la croissance et d’accélération de l’inflation, il nous semble qu’il faut conserver une position neutre sur les actions et maintenir les protections en place. Du côté des titres de crédit des entreprises, nous maintenons notre préférence pour les titres d’entreprises de haute qualité, nous continuons de positionner les portefeuilles pour bénéficier de la remontée des taux d’intérêt à long terme aux Etats-Unis et dans les pays du cœur de la zone euro. Au sein de la zone euro, nous continuons d’être positionnés sur les emprunts d’Etat à long terme des pays périphériques. Il nous semble préférable de rester neutres sur les actions en maintenant les protections en place ; du côté du crédit, de maintenir les expositions aux entreprises de bonne qualité. Nous continuons de positionner les portefeuilles pour bénéficier de la hausse des taux d’intérêt à long terme aux Etats-Unis et dans les pays du cœur de la zone euro. Enfin, nous continuons, au sein de la zone euro, de privilégier les emprunts d’Etat à long terme des pays périphériques, à commencer par l’Italie.
Merci de votre attention et rendez-vous à notre prochain point marchés.
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