Alors que les marchés ont globalement achevé le mois d’août sur des niveaux pratiquement identiques à ceux de fin juillet, plusieurs éléments sont susceptibles de remettre en cause cette dynamique favorable. Les investisseurs doivent en effet aujourd’hui composer avec une croissance, certes au rendez-vous, mais appelée à ralentir, et des pressions inflationnistes persistantes.
Bonjour et bienvenue dans ce point marchés du mois de septembre.
Aujourd’hui, j’aimerais vous entretenir de trois sujets : 1/ la conjoncture, 2/ les évolutions géopolitiques et enfin 3/ enfin nos visions en matière d’investissement.
Sur le plan de la conjoncture, on observe un ralentissement économique dans de nombreuses zones mais la croissance reste, en moyenne, supérieure à sa tendance. Les pressions stagflationnistes semblent se confirmer. Alors, de quoi s’agit-il ? Il s’agit d’un environnement dans lequel la croissance économique ralentit mais les pressions inflationnistes persistent. Ce n’est pas pour nous surprendre ; c’est au cœur de notre scénario. Enfin, on observe du côté des statistiques économiques qui ont été publiées quelques déceptions, notamment du côté de la production industrielle ou des ventes au détail aux Etats-Unis, un ralentissement assez net du côté de la Chine. En revanche, du côté de la zone euro, les résultats sont meilleurs qu’attendu, en raison notamment de résultats meilleurs que prévu du côté des économies périphériques.
La tranquillité n’est qu’apparente : la croissance reste certes au rendez-vous mais elle ralentit déjà ou est appelée à ralentir dans le courant du second semestre. Les pressions inflationnistes vont durer plus longtemps qu’initialement prévu. Certes, les banques centrales continuent de voir et de percevoir ces pressions inflationnistes comme temporaires et les taux d’intérêt restent faibles mais c’est un sujet qu’il faut suivre naturellement de près.
Du côté de la pandémie, celle-ci est loin d’être terminée. Certes, on a une très bonne couverture vaccinale dans la plupart des pays avancés ; en revanche, du côté des pays émergents, la couverture vaccinale est beaucoup plus faible. La pandémie est donc toujours un sujet à surveiller. Il nous semble néanmoins, sur le front de l’épidémie, que les risques perçus par les marchés sont exagérés. Nous pensons que les politiques économiques resteront à la manœuvre, notamment du côté des banques centrales, pour maintenir des conditions de financement très accommodantes.
Du côté des banques centrales, ce sont naturellement les stratégies de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de la Banque centrale européenne (BCE) qui retiennent l’attention. Du côté de la BCE, Phillip Lane, le chef économiste de la BCE, a laissé entendre que celle-ci pourrait ralentir ses achats d’obligations au titre du PEPP, le plan d’urgence mis en place suite à la crise sanitaire. Les investisseurs ont été pris par surprise et le taux d’intérêt à 10 ans allemand de référence a pris 10 points de base. Ceci dit, la communication de la BCE reste particulièrement accommodante. Il s’agit de maintenir des conditions de financement stables en ajustant les achats d’obligations au rythme des émissions des Etats européens. Du côté de la Fed, les yeux étaient rivés sur les rencontres de Jackson Hole à la fin du mois d’août. Le gouverneur Jerome Powell est resté plutôt optimiste, notamment en matière de perspectives sur le marché du travail. En revanche, il a fait état de certaines craintes quant à l’impact du variant delta sur la conjoncture américaine, ce qui explique l’absence d’annonces et une tonalité très accommodante. De notre côté, nous continuons de penser que la porte est ouverte possiblement au mois de septembre pour la Réserve fédérale pour annoncer ce que l’on appelle un "tapering", c’est-à-dire un ralentissement de ses achats d’emprunts d’Etat du Trésor américain d’ici la fin de l’année. En tout état de cause, les conditions de financement resteront toujours très accommodantes aux Etats-Unis ; on est très loin de la première remontée des taux directeurs par la Réserve fédérale.
Sur le plan géopolitique, deux évènements retiennent l’attention même si aucun d’entre eux n’a eu, à ce jour, d’impact sur les marchés. D’abord, évidemment, il y a eu le retrait précipité des forces américaines d’Afghanistan. On suivra, en particulier, toutes les questions liées à la stabilité régionale et à une possible crise migratoire. Du côté européen, il faudra suivre les élections allemandes. La campagne bat son plein et on a observé au cours du mois d’août une montée en puissance du SPD, du Parti socialiste allemand dirigé par Olaf Scholz, qui est aujourd’hui en tête des sondages, passant devant la CDU d’Armin Laschet. C’est, je vous le rappelle, la succession d’Angela Merkel qui est en question.
Les marchés financiers ont clôturé le mois sur des niveaux quasiment inchangés par rapport au mois de juillet. Les marchés d’actions ont continué de grappiller du terrain, à l’exception de l’indice Hang Seng chinois qui a fini dans le rouge en raison du ralentissement en Chine et des mesures règlementaires annoncées par le gouvernement chinois. Les taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat américains et européens ont gagné un peu de terrain. Les devises des pays du G10 se sont stabilisées. Enfin, le pétrole a oscillé et on s’attend à ce qu’il se stabilise sur son niveau actuel.
Dans ces conditions, quelles sont nos perspectives ? Nous continuons de penser que la politique économique accommodante compensera le ralentissement de la croissance attendue et les risques évoqués. Néanmoins, les marchés d’actions ont particulièrement bien performé depuis le début de l’année ; nous sommes neutres sur les marchés d’actions avec des protections qui restent en place. Nous continuons de positionner les portefeuilles pour tirer parti d’une remontée des taux d’intérêt à long terme aux Etats-Unis et en Europe. La recherche de rendement continuera de favoriser les pays périphériques de la zone euro, les obligations d’entreprises à l’échelle mondiale et également les obligations chinoises.
Du côté des pays émergents, les situations sont différentes en fonction des zones. Nous restons, à court terme, très prudents sur la Chine en raison du ralentissement économique et des mesures règlementaires annoncées par le gouvernement. En revanche, nous sommes beaucoup plus constructifs sur les pays comme l’Inde et le Brésil où le pire de la crise du Covid semble passé. Enfin, du côté des obligations des économies émergentes, nous restons particulièrement prudents, dans la situation actuelle, sur le moteur conféré par un rendement plus élevé.
Merci de votre attention et rendez-vous à notre prochain point marchés.
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