Bonjour et bienvenue dans ce Point marchés du mois de novembre.
Dans un environnement où les perspectives de profits des entreprises et les risques de stabilité financière préoccupent de plus en plus, nous reviendrons sur l'état de la conjoncture croissance / inflation et dirons quelques mots des évolutions politiques et économiques en Chine et au Brésil.
D'abord, que retenir des évolutions de marché ce mois-ci ? Le taux d'intérêt à dix ans américain a continué de grimper, atteignant plus de 4,2% le 24 octobre, soit son plus haut niveau depuis 2009. Ceci s'explique par les craintes d'un resserrement monétaire accéléré de la Réserve fédérale américaine. De leur côté, les Bourses ont connu des évolutions contrastées. On observe un rebond aux Etats-Unis et en Europe. Au Royaume-Uni, on a vu beaucoup de volatilité, en lien avec l'instabilité politique locale, la démission du gouvernement Truss, le remplacement de Liz Truss à la tête du Parti conservateur par Rishi Sunak. Enfin, on observe un repli en Chine et dans les pays émergents en raison des risques géopolitiques en Chine et de la politique de zéro Covid qui pèse sur l'activité économique.
Qu'en est-il de la conjoncture ? L'environnement économique mondial est particulièrement morose avec des divergences notables, tant sur le front de la croissance que sur celui de l'inflation. Côté croissance, en Europe l'activité économique devrait être affectée par la crise énergétique et la chute de la confiance des ménages. En fait, la récession a peut-être déjà commencé au troisième trimestre dans certains pays de la zone euro et au Royaume-Uni. Une réponse politique coordonnée à l'échelle de l'Union européenne est nécessaire, mais elle se fait attendre. Aux Etats-Unis, l'économie semble plus résiliente, mais on note une détérioration des indicateurs de confiance. Côté inflation, les évolutions et perspectives sont tout aussi divergentes. En zone euro, l'inflation sous-jacente n'a probablement pas encore atteint son pic. En revanche, aux Etats-Unis, le pic d'inflation nous semble derrière nous. On observe une baisse de l'inflation du côté des biens, mais l'inflation du côté des services a atteint son plus haut niveau depuis 40 ans. Avec le rebond récent des prix de l'essence, on table sur une inflation qui va être stable mais qui va rester élevée. Quelques mots sur la Chine. Le principal événement de ce mois-ci a été le Congrès national du Parti communiste chinois, qui a reconduit Xi Jinping comme président pour le troisième mandat, ce qui est inédit. Qu'est-ce que cela veut dire en pratique ? Les autorités devraient continuer de privilégier un régime de croissance lente et moins tiré par l'endettement, ce qui signifie qu'il faut s'attendre à un régime de croissance plus volatile. Sur le plan sanitaire, on table sur un assouplissement progressif de la politique du zéro Covid, sans retour néanmoins à la normale. Dans ces conditions, nous avons revu à la baisse une nouvelle fois nos prévisions de croissance pour 2023. Enfin, au Brésil, on retiendra la victoire aux présidentielles du 30 octobre de Lula face à Jair Bolsonaro. Une victoire serrée qui annonce une transition possiblement mouvementée. Il faudra suivre de près les réactions de l'ex-président et connaître les personnes dont Lula veut s'entourer pour pouvoir gouverner.
Dans cet environnement, quelles sont nos convictions en matière d'investissement ? Nous confirmons que les obligations sont bel et bien de retour. Avec la remontée des taux d'intérêt, elles sont plus attrayantes et pourraient constituer une nouvelle source de revenus dans les portefeuilles des investisseurs. Du côté des emprunts d'Etat, les titres du Trésor américain retiennent particulièrement l'attention. Les valorisations sont jugées attractives parce qu'aux Etats-Unis la croissance ralentit et l'inflation a vraisemblablement atteint son pic. Nous restons néanmoins neutres et prêts à ajuster notre exposition en fonction de l'évolution de la conjoncture et des discours tenus par les banques centrales. Du côté des obligations d'entreprises, nous privilégions toujours les segments de haute qualité, notamment aux Etats-Unis, où les bilans des entreprises sont solides et plus résilients. En revanche, nous évitons les valeurs de faible qualité dans le haut rendement qui peuvent être affectées par un endettement excessif dans un environnement de remontée des taux d'intérêt. Et du côté des pays émergents, nous considérons qu'il y a des opportunités sur la dette en devises fortes de certains pays dont la santé financière s'améliore, mais il faut rester extrêmement vigilant. Enfin, du côté des actions, nous restons globalement prudents. Nous nous attendons à une révision des profits des entreprises à la baisse, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. Toutefois, la relative bonne tenue de la consommation américaine nous fait toujours privilégier la Bourse américaine par rapport aux Bourses européennes. En général, nous préférons les segments les moins cycliques, c'est-à-dire les moins sensibles à la conjoncture, qui ont tendance à récompenser les actionnaires même en cas de ralentissement économique et à maintenir les marges bénéficiaires. Pour devenir plus positif sur les actions, il faudra, d'une part, que les banques centrales arrêtent de remonter leurs taux d'intérêt et, d'autre part, que l'activité économique se stabilise. Clairement, nous n'en sommes pas encore là.
En conclusion, nous pensons qu'il est possible que les actifs risqués demeurent soutenus à court terme, mais, pour autant, les investisseurs ne devraient pas revoir leurs allocations dans l'environnement actuel. Au contraire, ils devraient maintenir une position équilibrée et diversifiée qui devrait permettre de maintenir un rendement solide corrigé de l'inflation. Dans le même temps, les investisseurs devraient continuer de privilégier les actifs de haute qualité, que ce soit du côté des actions ou des obligations.
Merci de votre attention et rendez-vous à notre prochain Point marchés.
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