Le Gouvernement a suivi la recommandation du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, d'abaisser le taux du livret A à 0,75% alors que la stricte application de la formule de calcul faisait ressortir un taux de 0.50 %. Il s'agit du plus bas niveau atteint par le livret A depuis la création du livret d'épargne réglementé en 1818.
Quelles sont les implications pour l’épargnant ?
Le plaidoyer de Christian Noyer
Depuis de longs mois le gouverneur de la Banque de France plaide pour une baisse du taux du Livret A, jusqu’à affirmer début juillet : « Il est hors de question que le taux ne baisse pas au cours de l’année ».
Ses arguments : une rémunération aussi élevée par rapport aux taux d’intérêts actuels et au taux d’inflation constitue un obstacle à la politique actuelle de la Banque Centrale Européenne (BCE) pour favoriser la reprise de l'activité économique en Europe. « Il n’est pas acceptable que l’épargne réglementée soit un obstacle de plus en plus fort à cette évolution », avait-il ajouté.
Ensuite, un taux plus bas permet à la Caisse des dépôts (CDC), qui centralise les 2/3 de l'épargne du Livret A, d'octroyer des prêts moins onéreux aux organismes HLM. Christian Noyer avait évoqué un surcoût équivalent à la construction de 5.000 logements sociaux.
Le Gouvernement suit la préconisation de la Banque de France
Alors qu’en raison du faible niveau d’inflation, le résultat de la formule de calcul de révision du taux faisait ressortir une rémunération de 0,50 %, Christian Noyer a décidé de déroger à son application stricte en proposant un taux de 0.75%.
Quand le gouverneur choisit de déroger à la règle, c’est au Gouvernement que revient la décision finale, une décision très politique puisqu’il existe environ 62 millions de détenteurs de livrets A.
Le Gouvernement aurait donc pu ne pas suivre la recommandation de la Banque de France, comme cela a souvent été le cas par le passé, notamment en janvier dernier. Il n’avait en effet pas suivi la recommandation de Christian Noyer et maintenu le taux à son niveau de 1 % au 1er février. Rappelons que les élections municipales avaient lieu en mars…
Mais le plaidoyer de Christian Noyer a cette fois été écouté et suivi d’effets puisque le Gouvernement a annoncé baisser le taux à 0.75 %.
Un manque à gagner limité
Certaines associations de consommateurs dénoncent une « décision regrettable » pour une catégorie de clientèle qui ne peut pas placer ailleurs son épargne.
Pourtant si l’on considère le montant moyen du dépôt sur le Livret A, soit 4092 euros fin 2014 l’impact sera marginal : 10,23 euros par année pleine. Pour celui qui aurait un dépôt égal au plafond actuel, le manque à gagner se chiffre à 57,40 euros par an.
Mais cette baisse de ¼ de point de la rémunération constitue une économie importante pour la Caisse des dépôts. Le fait que cette décision permette à la Caisse des dépôts d’économiser 652 millions d’euros – qui pourront éventuellement être redistribués à l’Etat – a sans doute aidé à la prise de décision.
Les alternatives nombreuses mais peu rémunératrices…
Le Livret A a été délaissé déjà depuis de nombreux mois : sur le premier semestre 2015, il affiche une décollecte nette de 2,45 milliards d'euros, après une décollecte de 6 milliards en 2014.
Les épargnants qui sont en quête de placements court terme ou adeptes de placements garantis et sans risque même sur une durée plus longue, savent que les rendements servis sont depuis plusieurs années à la baisse. En effet, si l’offre de produits répondant à ces attentes reste toujours présente, la rentabilité n’est plus au rendez-vous.
Certains se tourneront vers les livrets bancaires qui grâce à leurs offres promotionnelles temporaires permettent d’atteindre des taux supérieurs à celui du Livret A. Mais attention à bien effectuer la comparaison du rendement du livret réglementé - qui est exonéré de toute fiscalité, mais plafonné – avec le rendement du livret bancaire après déduction des prélèvements sociaux et fiscaux.
Il y a bien évidemment la concurrence du fonds euros de l’assurance-vie dont le rendement moyen, tiré à la baisse par les taux extrêmement bas, est ressorti à 2,5 % en 2014. Il devrait encore être à la baisse en 2015.
De nombreux détenteurs de Livrets A ont également déjà redécouvert les atouts du PEL dont le taux est garanti à l’ouverture -2 % depuis le 1er février 2015 et 2,5 % avant cette date- mais qui nécessite un blocage sur 4 ans et dont les intérêts sont assujettis aux prélèvements sociaux.
Les épargnants doivent désormais intégrer qu’un tel environnement de taux nécessite un certain niveau de prise de risque, pour que la rentabilité soit au rendez-vous. A chacun de vérifier son horizon de placement, et sa tolérance au risque afin de pouvoir en toute connaissance de cause procéder à un arbitrage en faveur de l’un ou l’autre placement qui permettra d’avoir des espérances de gains supérieures sur la durée.