Appelée revenu de base, allocation universelle, ou encore revenu inconditionnel d’existence, cette notion a été récemment remise sur le devant de la scène. Le gouvernement finlandais voudrait en effet tenter l’expérience début 2016, en instaurant un revenu de base pour lutter contre la pauvreté et le chômage.
L’idée a fait son chemin depuis les élections législatives finlandaises d’avril 2015 où le dispositif faisait partie du programme électoral d’une majorité des candidats : la Finlande deviendrait le premier pays européen à tenter l’expérience prévue pour le printemps 2016.
Mais que recouvre cette notion de revenu de base ? Une allocation pour tous sans conditions, qui remplacerait tous les autres aides, allocations chômage, aides aux logements (APL), mais aussi pensions de retraite. Quels impacts ? Le débat reste ouvert…
Un revenu de base universel mais différents objectifs…
En quoi consiste ce revenu de base connu sous d’autres appellations comme "allocation universelle" ou encore "revenu inconditionnel d’existence" ? A verser mensuellement une somme d'argent à tous les membres d’une communauté, sans conditions, ni de ressources, ni de travail et tout au long de la vie. Ce dispositif qui est financé par l'impôt, vient alors remplacer tout ou partie des différentes prestations sociales existantes.
Les partisans du revenu de base s’appuient sur différents postulats : pour certains, la fragilisation de l’emploi salarié par la désindustrialisation et le numérique nécessite une adaptation. L’une des solutions proposées est le revenu universel. Le revenu de base ne devient-il pas, dans ce contexte, une proposition clef pour assurer au plus grand nombre la possibilité de travailler et d’entreprendre ?
Mais d’autres voient comme postulat de départ le fait que si la majorité des citoyens ont envie d’avoir un emploi, le fait de bénéficier d’un tel revenu de base permettrait de choisir des activités librement consenties... Le revenu de base inconditionnel peut permettre de se libérer de la contrainte de l’emploi en travaillant moins, en ayant donc davantage de temps tout en gagnant moins. Réduire sa durée de travail, consacrer davantage de son temps à sa famille, à créer sa propre entreprise, le travail tendrait à devenir un choix…
En France, il ressort d’un sondage IFOP (commandé par l’Opinion et I-Télé) publié en mai 2015 que six Français sur dix sont favorables à l'idée d'un revenu de base en France ". Le Sénat a organisé à la même époque un colloque intitulé "le revenu de base : un levier de transformation sociale pour l’économie de demain”. De son côté, le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB) n’y voit pas « un outil de lutte contre le chômage mais un moyen de libérer le travail » où « les premiers bénéficiaires seraient les personnes déjà intégrées dans le marché du travail, qui pourraient décider de travailler moins ou mieux. »
Un stade expérimental
A ce jour il n’y a eu que quelques expérimentations « menées au Canada, en Alaska ou plus récemment en Namibie, qui ont présenté un bilan globalement positif ». Mais aucun État ne l’a encore institué à ce jour.
Le revenu de base est également au programme de Podemos en Espagne et du parti social-libéral D’66 aux Pays-Bas. Par ailleurs, la Suisse va lancer un référendum d’initiative populaire sur le sujet l’année prochaine.
Mais l’expérience Finlandaise devrait constituer une première en Europe. Le gouvernement de centre droit finlandais voudrait tester cette idée d'une allocation de base pour tous les citoyens du pays, sans distinction d'âge, de situation sociale ou de santé afin de lutter contre la pauvreté. L'expérimentation devrait avoir lieu au début dans une région du pays marquée par un taux de chômage important et devrait commencer au printemps 2016.
Un salaire minimum remplacerait alors toutes aides sociales en vigueur : aides au logement, aux études, au chômage mais aussi pensions de retraite.
79% des Finlandais favorables au revenu de base
En début d’année un sondage a conclu que 79% des Finlandais seraient pour la mise en place d’un revenu de base si celui-ci « garantissait le minimum vital, réduisait la bureaucratie et encourageait le travail et l’entrepreneuriat ».
Dans les détails des chiffres, si le soutien a été le plus fort parmi les jeunes et les retraités, même les citoyens les plus aisés sont pour. Seuls les agriculteurs ont montré leur réticence avec seulement 15 % d'adhésion.
Sans entrer dans les détails du dispositif, dont le montant reste à déterminer, le gouvernement finlandais considère qu’il s’agit d’un instrument approprié pour lutter contre la pauvreté. Il s’agirait bien d’un revenu inconditionnel puisque tous les citoyens auraient le droit de recevoir le même revenu de base, sans qu’entrent en ligne de compte l’âge, leur état de santé ou les circonstances sociales. Et en bonus une grosse économie à la clé : avec une seule allocation à gérer, il faudrait moins de fonctionnaires…