Y a-t-il une seule définition des petites et moyennes valeurs ?
Non. Chaque maison a la sienne ! En ce qui nous concerne, nous classons les valeurs par capitalisation boursière : jusqu’à 500 millions d’euros pour une micro-cap, de 500 millions d’euros à 2 milliards d’euros pour une petite valeur et de 2 milliards d’euros à 8 milliards d’euros pour une valeur moyenne.
Ces montants s’entendent au moment de la mise en portefeuille. Nous pouvons ensuite continuer à accompagner dans sa croissance une entreprise qui a changé de statut. C’est notamment le cas d’Argan (logistique), dont le cours a été multiplié par 4 en cinq ans. Nous ne nous intéressons pas aux startups mais aux sociétés établies. Nous ne participons pas non plus aux introductions en Bourse, car ce sont la plupart du temps des déceptions.
Quels sont leurs avantages ?
Le principal atout des petites et moyennes valeurs est qu’elles ont, sur le long terme, un potentiel de croissance structurelle largement supérieur à celui des grandes valeurs. Il y a moins de barrières à l’entrée et le risque encouru est plus élevé, mais l’espérance de performance est aussi plus forte. En outre, leur univers d’investissement est énorme, avec des activités qui peuvent constituer des axes de croissance pour des groupes à l’affut d’acquisitions, comme l’illustre le cas d’IGE+IXAO (conception assistée par ordinateur), que convoite Schneider Electric. D’où un aspect spéculatif.
Les petites et moyennes valeurs sont également beaucoup moins suivies par les bureaux d’analyse. Ce qui permet de déceler des inefficiences entre les prix de marché et les valeurs intrinsèques des sociétés dont il est possible de tirer parti. A cet égard, la proximité avec les managements nous facilite la tâche. Les PME ont souvent un actionnariat familial, ce que nous apprécions tout particulièrement chez Gay-Lussac Gestion. Une famille a davantage le souci de la création de valeur à long terme. Il y a là un véritable alignement des intérêts. L’exemple de Robertet (produits aromatiques) peut être cité. Enfin, les petites et moyennes valeurs se prêtent parfaitement à la gestion active (par opposition à la gestion indicielle).
Et si vous deviez leur trouver un inconvénient ?
Ce serait celui d’un manque relatif de liquidité. C’est pourquoi nous avons fermé aux souscriptions Gay-Lussac Microcaps. Mais nous avons dans notre gamme d’autres supports, comme Gay-Lussac Smallcaps. Et, en 2019, nous avons lancé un autre fonds dédié aux micro-caps européennes : RJ Funds Smicrocaps. Nous veillons à être correctement diversifiés, en conservant un volant de cash de l’ordre de 10 %, afin de pouvoir faire face à d’éventuels rachats sans écraser les cours. Notre double approche, quantitative et fondamentale, donne de la solidité à notre processus d’investissement. Nous cherchons à repérer des valeurs de qualité qui ne sont pas à leur prix, comme BOA Concept (convoyeurs modulaires), Stef (transport par camions) ou Virbac (médicaments pour animaux).
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