Il existe d’innombrables variétés d’indices boursiers dans le monde, selon les sociétés ou les institutions qui les élaborent, les pays ou les régions concernés, les classes d’actifs et les types de titres, les segments de marché, les secteurs d’activité, les styles (croissance ou décote) et les stratégies de gestion (haussières ou baissières) ou encore certaines thématiques (comme l’investissement socialement responsable) considérés. Mais de quoi s’agit-il ?
De multiples rôles
C’est en 1884, aux États-Unis, que Charles Dow et Edward Jones ont publié le premier indice boursier, celui des sociétés ferroviaires, très prisées à l’époque. Douze ans plus tard, l’ancêtre de l’actuel indice Dow Jones naissait. Il permettait alors de suivre les variations quotidiennes d’un échantillon de douze valeurs industrielles. Une idée qui, depuis, a largement fait florès.
Un indice boursier se définit par une date de référence, un échantillon de valeurs représentatives et une méthode d’indexation. C’est à la fois un baromètre de la santé de l’économie d’un pays (à travers le comportement de sociétés représentées en Bourse), un moyen d’apprécier les différences d’évolution d’une place financière à une autre ou d’un secteur d’activité à un autre, par exemple, un instrument de mesure dans la durée de la qualité d’une gestion « active » (afin d’évaluer l’apport réel d’un spécialiste rémunéré pour battre le marché) et, enfin, un support d’investissement pour les fonds indiciels (cotés ou non cotés). Plus que le niveau de l’indice atteint, c’est la variation de celui-ci sur une période donnée qui doit être prise en compte. C’est elle, en effet, qui illustre le comportement général, optimiste ou pessimiste, des investisseurs.
Les indices boursiers sont devenus un véritable business à l’échelle planétaire. Standard & Poor’s, Morgan Stanley Capital International (MSCI), Russell, Financial Times Stock Exchange, Nyse-Euronext, etc., se livrent une âpre concurrence.
Quelques noms de célèbres références « géographiques » : Cac 40 (France), FTSE 100 (Royaume-Uni), Dax 30 (Allemagne), Euro Stoxx 50 (Europe), S&P Asia 50 (Asie), Dow Jones Industrial Average et, à forte connotation technologique, Nasdaq (États-Unis), Nikkei 225 (Japon), SSE Composite (Chine), MSCI Monde (monde).
Indices boursiers : différentes méthodes de construction
À noter que beaucoup de professionnels utilisent des références composites, en combinant deux ou trois indices, de façon à mieux refléter les nuances de leurs gestions de portefeuille. Même les gérants qui revendiquent une totale liberté de manœuvre et qui, donc, ne s’inspirent pas de la composition d’un indice (benchmark) se réfèrent à un outil statistique, ne serait-ce que pour calculer des commissions de surperformance (dont les montants annuels peuvent parfois atteindre plusieurs millions d’euros).
Un indice boursier est en quelque sorte la moyenne à tout moment de ceux qui ont tort et de ceux qui ont raison. Le problème, pour bien comprendre de quoi il retourne, est que tous les indices ne sont pas construits de la même façon. Plusieurs techniques sont en effet utilisées : capitalisation boursière, prix des actions, équipondération, flottant (fraction des titres en circulation dans le public), volumes de transaction…
Le Dow Jones présente la particularité d’être égal à la valeur, en dollars, de la nue-propriété d’un compte-titres d’actions de trente prestigieuses entreprises américaines. C’est un indice construit à partir d’une moyenne arithmétique. Quelles que soient leurs tailles, les sociétés qu’il regroupe ont la même influence. Il retrace près de cent vingt ans d’histoire du plus grand marché financier du monde. Il gravitait dernièrement dans ses plus-hauts historiques, alors que le Nikkei 225, qui est aussi un indice « simple » (on parle souvent d’un niveau en yens et non en points), devrait, lui, plus que doubler pour revenir à son pic historique de 1989.
Certains fabricants d’indices réinvestissent les dividendes, comme pour le Dax 30 (indice pondéré par les capitalisations boursières et les volumes moyens de transaction, lancé le 1er juillet 1988). Certains ne le font pas, comme pour le Cac 40 (indice pondéré par les capitalisations boursières, créé le 31 décembre 1987). Certes, il existe une version de l’indice français dans laquelle les coupons sont réinvestis et une version de son homologue allemand dans laquelle les coupons ne le sont pas, mais elles sont beaucoup moins connues. Un chassé-croisé qui peut fausser les comparaisons, mais qui ne paraît pas troubler les investisseurs.
Indices boursiers : séparer le bon grain de l’ivraie
En 2014, le Cac 40 sans les dividendes, qui est rafraîchi toutes les quinze secondes chaque jour de Bourse, entre 9 heures et 17 30, avec un fixage à 17 h 35, s’est replié de 0,5 %. Avec les coupons réinvestis, le Cac 40 a progressé de 2,7 %. Il est clair que, plus le temps s’écoule, plus l’importance relative des revenus capitalisés est significative pour l’investisseur.
Il faudrait aussi mentionner, entre autres variantes, les indices dits « intelligents » Rafi (Research Affiliates Fundamental Index) mis au point par Rober Arnott en 2002. L’idée était de concevoir une alternative aux indices classiques pondérés par la capitalisation boursière. Car, en privilégiant les valeurs sous-jacentes qui montent, ces derniers sous-pondèrent d’autant les valeurs sous-valorisées. Quatre critères financiers ont été retenus pour les indices Rafi : chiffre d’affaires, marge brute d’autofinancement, dividende, valeur comptable.
Qui dit indice dit ensemble de valeurs, de quelques dizaines à plusieurs centaines. Dans une gestion individualisée de ses titres, comme toutes les composantes n’évoluent évidemment pas à l’identique, il convient, d’une part, de déceler celles qui disposent de potentiels attrayants à moyen terme et, d’autre part, d’éliminer celles qui, parallèlement, risquent de faire nettement moins bien que le marché. De surcroît, un indice n’est jamais figé : il se renouvelle régulièrement, au gré des entrées et des sorties de titres. Aujourd’hui, les indices boursiers ont pris une telle place, que ce soit dans salles de marché, dans les médias et, bien entendu, dans la psychologie des investisseurs, professionnels ou particuliers, qu’il faudrait les inventer… s’ils n’existaient pas déjà !
Lire également