Bonjour et bienvenue dans cette édition du point marchés du mois de septembre.
Alors, les grandes préoccupations durant l'été n'ont pas changé. Il s'agit des évolutions de l'inflation, de la croissance et des politiques monétaires qui en résultent.
Les perspectives économiques mondiales se sont davantage assombries durant l'été, avec une intensification et une diffusion des pressions inflationnistes, notamment dans les pays avancés et surtout en Europe, sur fond de crise énergétique. En définitive, c'est ce qu'on appelle des pressions stagflationnistes qui se sont intensifiées, avec, de façon concomitante, un ralentissement de l'activité économique en cours et une intensification des pressions haussières sur les prix. Dans ces conditions, deux évolutions de marché retiennent particulièrement l'attention : sur les taux d'intérêt, la vive remontée des taux obligataires à long terme s'explique par les discours tenus par les banquiers centraux lors du symposium de Jackson Hole à la fin du mois d'août, durant lequel la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne ont confirmé leur engagement à agir pour contrôler l'inflation. Et cette remontée des taux d'intérêt a provoqué un repli des Bourses de part et d'autre de l'Atlantique. On notera néanmoins que les bourses asiatiques en Chine, à Hong Kong et dans la plupart des pays émergents sont restées à peu près stables au cours du mois d'août.
Dans ce contexte, que deviennent nos perspectives économiques ?
En Europe, nous tablons désormais sur une récession à l'automne et à l'hiver. L'Europe est touchée de plein fouet par la crise énergétique, en raison notamment de sa dépendance au gaz russe. Les prix élevés de l'énergie, les tensions en matière d’approvisionnement et la diffusion des hausses de prix aux autres biens et services, font augmenter le coût de la vie et, en définitive, ont sans doute pesé sur la consommation des ménages. Aux États-Unis, l'économie est moins touchée par la crise énergétique et le marché du travail reste particulièrement soutenu. L'économie est plus résiliente. Ceci dit, on commence à observer des signes d'affaiblissement du côté du marché du travail et de la consommation des ménages et on s'attend à un net ralentissement de la croissance l'an prochain. Nous n'avons pas de récession en vue mais le risque de récession d'ici l'été 2023 s'accroît. Dans les économies émergentes, nous avons également révisé à la baisse nos perspectives de croissance, mais de façon beaucoup plus modérée que dans les grandes économies avancées, de sorte que l'écart de croissance continue de bénéficier aux économies émergentes. En Chine, nous avons revu à la baisse notre prévision de croissance pour l'année en cours et pour l'année prochaine, en raison de la crise immobilière régionale et de la baisse de la confiance des ménages. Mais nous continuons d'anticiper une reprise économique. Celle-ci s'annonce néanmoins beaucoup plus modérée. Nous pensons que les politiques budgétaires et monétaires accommodantes qui sont menées en Chine permettront d'éviter un ralentissement marqué de l'activité économique.
Du côté des entreprises, quelques mots sur les profits. En Europe et aux Etats-Unis, les résultats du deuxième trimestre ont été solides. Cependant, on observe des premiers signes de compression des marges, probablement en lien avec l'affaiblissement de la croissance économique et notamment de la consommation des ménages. Selon nous, les profits des entreprises vont rester sous pression l'an prochain. Néanmoins, certaines entreprises devraient mieux résister que d'autres. On pense notamment à celles qui ont la capacité de répercuter les hausses de coûts subies dans les prix de vente finaux, à celles qui arrivent à différencier les produits offerts ou encore à celles, bien sûr, qui ont des bilans solides.
Côté marchés, la remontée des taux d'intérêt et les risques d'affaiblissement de l'activité économique vont sans doute redonner de l'attrait aux obligations pour les investisseurs. Ceci dit, il faut bien avoir en tête qu'il y a deux forces opposées qui agissent sur les taux d'intérêt à long terme. D'un côté, les taux sont tirés à la hausse par les évolutions des prix et l'engagement des banques centrales à contrôler l'inflation et, d'un autre côté, les risques de ralentissement économique, de récession, l'incertitude, toujours présente, peut peser sur les rendements obligataires.
Dans ces conditions, on n'anticipe pas de mouvement marqué du côté des taux d'intérêt à court terme, mais nous resterons naturellement très flexibles dans l'ajustement de nos positions dans les portefeuilles compte tenu des vents contraires qui soufflent sur les taux d'intérêt. Du côté des obligations d'entreprises, nous restons particulièrement prudents sur le segment du haut rendement et continuons de privilégier les titres de qualité. Sur le plan géographique, on continue de privilégier les titres d'entreprises américaines par rapport aux entreprises de la zone euro, en raison d'une économie américaine plus résiliente et du fait que les entreprises américaines ont des fondamentaux plus solides. Enfin, nous maintenons notre exposition sur les obligations en devises fortes des économies émergentes, tout en restant naturellement très sélectifs. Côté actions, l'affaiblissement de la conjoncture économique mondiale nous conduit à adopter une position plus prudente. Nous continuons de privilégier néanmoins les titres américains par rapport aux titres européens, en raison de la meilleure résilience de l'économie américaine. Et dans une certaine mesure, on continue aussi de privilégier les titres chinois mais nous avons écrété notre exposition aux actions chinoises en raison de la crise immobilière locale et des incertitudes sur la politique sanitaire locale.
En guise de conclusion, les évolutions de marché et du contexte économique n'appellent pas de changement radical dans l'exposition des portefeuilles aux risques. Les investisseurs doivent rester agiles, prudents, particulièrement vigilants. Nous sommes convaincus que des opportunités d'investissement vont se présenter dans les secteurs les plus résilients. Il faudra évidemment rester particulièrement sélectif, tant du côté des actions que des obligations d'entreprises. Dans l'ensemble, compte tenu de l'incertitude, il convient d'adopter une position très diversifiée dans les portefeuilles. Il faut rester flexible et se tenir prêt à ajuster ces derniers en fonction de l'évolution du contexte géopolitique et du contexte économique et avec une attention particulière à l'évolution des politiques monétaires.
Merci de votre attention et rendez-vous à notre prochain point marchés.
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