Bourse : comment miser sur le secteur de la défense

« Ces dix dernières années, fait observer dans une synthèse Thomas Friedberger, directeur général adjoint de Tikehau Capital, le budget défense a été inférieur à l’objectif des 2 %.
En 2024, l’Europe y a en moyenne consacré 2,2 % du PIB. Aujourd’hui, un consensus émerge pour un minimum de 3 %. » 

Il y a peu, la Commission européenne a dévoilé un plan pour réarmer l’Europe, lequel se traduit par une mobilisation de 800 milliards d’euros ! L’Allemagne deviendrait le quatrième pays où les dépenses militaires sont les plus importantes, derrière les Etats-Unis, la Chine et la Russie. De son côté, la base industrielle et technologique de défense française se compose d’une dizaine de groupes, autour desquels gravitent plus de 4.000 PME. 

Nombre de stratégistes plébiscitent les sociétés impliquées, de près ou de loin, dans le militaire. C’est le cas, par exemple, de Patrick Artus, conseiller économique d’Ossiam, qui affirme dans Investir : « Deux secteurs sont à privilégier. Les banques et la défense. » Selon les analystes de Morningstar, il n’est pas trop tard pour faire ses emplettes : les cours ont baissé après l’annonce du programme américain de tarifs douaniers et les dépenses vont s’échelonner durant plusieurs années.
Dans son entretien au Revenu, Patrice Caine, président-directeur général de Thales (+ 70 % en trois mois !), a indiqué : « Nous avons devant nous au moins une décennie de croissance dans la défense. » 

La défense devient durable 

D’autres valeurs pourraient rester bien orientées, à l’image de Leonardo, Rheinmetall, Dassault Aviation, Sopra Steria, Saab, Airbus, BAE Systems, Theon International, Hensoldt, Safran, Exail Technologies, NSE ou Exosens. Parmi les fonds, citons Tikehau European Sovereignty Fund (code Isin : LU2737748660) et Tobam LBRTY (code Isin : LU2597962294), ainsi que les ETF WisdomTree Europe Defence (code Isin : IE0002Y8CX98) et VanEck Defence (code Isin : IE000YYE6WK5). Ce dernier, qui rassemble vingt-huit composantes internationales, progresse de 44,2 % en un an.  

L’Autorité des marchés financiers a précisé que les sociétés souhaitant lancer de nouveaux fonds pour investir dans la défense « bénéficieront d’un traitement accéléré de leur demande d’agrément ».  

Par ailleurs, un fonds va être institué sous l’égide de Bpifrance, avec un ticket d’entrée de 500 € placés sur cinq ans, afin de collecter 450 millions d’euros. Autre initiative : Euronext devrait promouvoir un nouvel indice ESG (Energie Sécurité Géostratégie). Fini l’exclusion des portefeuilles des sociétés qui réalisent plus de 10 % de leurs chiffres d’affaires dans l’armement ! Et ce malgré les risques : droits de l’homme, instabilité politique, corruption, pollution… Les forces armées et les industries qui les approvisionnent seraient responsables de plus de 5 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone.  

Devant un enjeu de souveraineté et ce qu’il convient d’appeler un « mal nécessaire », la finance durable semble montrer ses limites.