« Le réalisme impose de faire le dos rond », entretien avec Christopher Dembik

Les investisseurs semblent avoir perdu leur boussole. Nous avons demandé à Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management, ce qu’il pense de la situation.
Quel état des lieux dresseriez-vous dans l’actuel contexte de marché ?
Le pic d’inflation a probablement été atteint en 2022 des deux côtés de l’Atlantique. L’inflation sous-jacente – hors composantes de l’indice des prix les plus volatiles, comme le pétrole – ne devrait pas revenir vers ses précédents sommets. Le processus de normalisation de la politique monétaire ne semble toutefois pas être achevé. Ce qui ne manquera pas d’avoir un impact sur le marché obligataire. Les taux longs, qui ont tendance à augmenter, se retrouvent aux niveaux d’avant la tourmente financière de 2008.
Les petites entreprises pourraient souffrir du resserrement du crédit, mais les grands groupes cotés, qui avaient emprunté en 2020 et 2021, quand les conditions leur étaient particulièrement favorables, ne devraient pas être touchés. La situation devrait se stabiliser dans les prochains mois. Cela dit, l’inflation devrait rester supérieure à 3 % en zone euro. Par ailleurs, comme la croissance dans les pays développés est inférieure à 2 %, le désendettement des Etats n’est pas à l’ordre du jour…
Quel est votre sentiment pour les mois à venir ?
Une bonne partie du terrain gagné sur la première partie de 2023 a ensuite été reperdue. Les anticipations des analystes avaient sans doute été trop optimistes. Certains investisseurs s’inquiètent. Le 10 octobre, LVMH – plus grosse capitalisation boursière française – annonce que sa croissance organique a été de 9 % au troisième trimestre. Le titre a baissé de 10 % en trois séances !
Nous sommes dans une période compliquée à appréhender. Il y a également une dimension géopolitique préoccupante, bien que, vu des marchés, les conflits créent surtout un effet de surprise qui s’estompe rapidement. Le réalisme impose de faire le dos rond. Pour y voir plus clair, il faut surveiller le niveau de liquidités dans le système financier, l’évolution des dépenses de consommation et les indicateurs de confiance des directeurs d’achat.
Quelle serait l’allocation d’actifs idéale ?
Une allocation d’actifs doit être diversifiée. Nous sommes positifs sur la Bourse de Tokyo, qui devrait surperformer les principales places financières dans les années qui viennent. Elle permettra, de surcroît, de bénéficier de la reprise chinoise. Nous croyons aussi à l’Inde, dont le marché boursier est très développé et dont le gouvernement a largement ouvert le capital des firmes de défense et des compagnies d’assurance aux investisseurs étrangers.
En termes de secteur, le luxe, les semi-conducteurs et la cybersécurité offrent des points d’entrée. Les sociétés qui versent de solides dividendes sont également attrayantes. En outre, nous avons une prédilection pour les produits monétaires et les fonds obligataires investis sur la partie courte de la courbe des taux d’intérêt. Nous ne déconseillons pas d’avoir de l’or. Enfin, nous sommes prudents sur le private equity [non-coté], dont les perspectives de valorisation sont moins évidentes.
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